
Sweet Soul Music
n° 1
(mai 1985) n°2 (sept 1985)

fanzine
anglais publié par "The atlantic/Stax Appreciation Society"
où l'on retrouve les signatures de Kurt Mohr et Pierre Daguerre (SoulBag)
48 pages
ronéotypées au format 15x21cm

4e et 1ère de couverture du
n°1, mai 1985


Interview d’Otis – Automne 1967, USA
En fait, cette
interview est la version un peu plus longue de celle déjà publiée dans
SOUL, le 18 septembre 1967 :

Les différences sont en
gras ci-dessous
Q :
Que pensez-vous de la version de votre chanson Respect par Aretha
Franklin qui a vendu plus d’un million d’exemplaires ?
R :
Je n’ai que du Respect
pour Aretha !
Q :
Que pensez-vous de la scène musical actuelle, ici et en Europe ?
R :
Elle est pour le moins
intéressante. Il y a des phases que je n’aime pas vraiment ou
peut-être que je ne comprends pas. A la base, j’aime n’importe quelle
musique qui reste simple et je crois que c’est la formule qui a
conduit la musique soul à devenir populaire. Quand n’importe quelle
forme de musique devient confuse et / ou compliquée, vous perdez
l’attention de l’auditeur moyen. Il n’y a rien de plus beau qu’un
simple air de blues. Il y a de la beauté dans la simplicité, que vous
parliez d’architecture, d’art ou de musique.
Q : Que pensez-vous
être le futur de la musique soul par rapport à la musique pop ?
R : Je pense que c’est
en train de devenir le son le plus populaire d’aujourd’hui. On s'en
rend compte par le fait qu’il y a tellement de « groupes pop » qui
imitent le son soul. La soul c’est le «feeling »
(sensation) et les jeunes à
travers le monde « sentent » des choses comme jamais, à ma
connaissance. La soul est universelle dans son attrait.
Q :
Pour s’éloigner de la musique un petit peu, pourquoi habitez-vous
toujours en Géorgie ?
R :
D’abord, laissez-moi
dire que j’aime et que j’apprécie la vie en Géorgie. Je
possède une magnifique propriété,
à la campagne, qui me permet de profiter d’une ambiance
relaxante.
Je crois que tout le monde aime se relaxer et être paresseux de temps
en temps. Certains préfèrent se relaxer sur la Côte d’Azur. Moi j’aime
me relaxer dans mon ranch en Géorgie. Deuxièmement, je crois beaucoup
que la communication entre ce qu’on appelle les communautés noires et
blanches du Sud (des Etats-Unis)
est faussée justement par le fait que les Nègres
(en 1967, ce mot était le plus approprié)
du Sud, éduqués ou talentueux désertent leurs Etats d’origine pour les
communautés du Nord. Ceci laisse un grand nombre de personnes sans
éducation et sans emploi qui représentent le Nègre du Sud. Je ne dis
pas qu’il n’y a pas de Nègres éduqués ou talentueux dans le Sud, mais
on ne peut pas se permettre de perdre le moindre Nègre docteur,
dentiste, avocat, professeur ou businessman
(homme d’affaire).
Je crois que si les Nègres restaient dans leur Sud
natal et se battaient pour trouver des opportunités, les portes
seraient forcées de s’ouvrir. C’est difficile, mais la vie est
difficile. Il m’est difficile de croire qu’il y a plus d’opportunités
dans les ghettos de Harlem (New-York)
que dans les quartiers pauvres de Géorgie, et en plus il y a
beaucoup plus d’air frais !
Q : Est-ce que vous
pensez que vous avez été complètement accepté par la communauté
blanche de Macon, Géorgie?
R : Non. Mais je ne
connais personne, noir ou blanc, qui soit jamais complètement accepté
par aucune communauté. Beaucoup de gens des deux races sont contrariés
par le succès, et je suis fier de dire que je représente le succès.
J’ai de nombreux amis, noirs et blancs, à Macon.
Q :
Quel rôle jouez vous localement dans votre communauté ?
R :
D’abord celui d’un
businessman. J’ai participé au bien-être local ou aux relations
entre communautés, mais vous devez vous souvenir que je voyage
beaucoup et que je n’ai pas le temps que j’aimerais pour pouvoir me
consacrer à ces activités.
Q :
Vous consacreriez plus de temps à ce type d’activités si vous pouviez
?
R :
Nous seulement je le
ferais mais je vais le faire. Je suis en train de programmer mes
déplacements un an à l’avance pour pouvoir me consacrer à un projet
spécial auquel je pense.
Q :
Quel est ce projet spécial ?
R :
Je souhaiterais établir
un camp de vacances d’été pour les enfants défavorisés. Ses activités
comprendraient des activités de récréation, comme nager, monter à
cheval etc... mais, en même temps, il comprendrait aussi des
programmes qui enseigneraient aux jeunes enfants les responsabilités
civiques et économiques.
Q : Pensez-vous que
l’on peut enseigner à des enfants les responsabilités civiques et
économiques ?
R : Peut-être qu’on ne
peut pas les leur enseigner mais on peut les y exposer. Beaucoup
d’enfants des quartiers pauvres n’ont probablement jamais entendu
parler des dirigeants nationaux ou même locaux. Ils n’ont aucune
conception des processus démocratiques de ce pays. Le seul monde
qu’ils connaissent est celui de la rue ou des quartiers pauvres où ils
vivent. Un camp comme celui auquel je pense exposerait les jeunes à
beaucoup de choses dont ils ne sont pas conscients et ils pourront
ensuite retourner dans leurs rues ou leurs communautés et aider les
autres. Mon programme pourrait commencer à petite échelle, mais ne
serait-ce qu'une nouvelle voix mieux informée dans une communauté est
mieux que rien. Nous envisageons la visite du camp par plusieurs
artistes qui pourraient ainsi aider ceux qui seraient intéressés par
des carrières musicales et aussi divertir les enfants. J’espère que
nous ne nous limiterons pas qu’au Sud mais, au départ, nous y serons
obligés pour des raisons financières.
Q :
Revenons à la musique, quel est votre but, en fait ?
R :
Il y a de nombreuses
choses que j’aimerais faire. Il y en a beaucoup que j’ai déjà
accomplies mais, en plus des autres phases auxquelles je veux
participer, je dois travailler dur pour maintenir ce que j’ai déjà
fait. J’ai eu du succès comme chanteur (17 titres à succès et 5 albums
à succès consécutifs et comme artiste de concert (tournées qui
rapportent jusqu’à $500.000 en trente jours), mais c’est une lutte
constante de rester au sommet, aux yeux du public. Ma maison d’édition
a bien réussi cette année (deux titres ayant vendu plus d’un million
d’exemplaires : Respect et Sweet Soul Music) mais il faut continuer à
rester en phase avec ce qui se passe et écrire en conséquence. En tant
que producteur, j’ai réussi cette année avec Arthur Conley (Sweet Soul
Music a vendu un million d’exemplaires), mais je ne me laisse pas
emporter au point de me précipiter et de produire de nombreux titres.
J’essaye d’être réaliste. Je suis intéressé
par d’autres phases de ce métier, comme par exemple l’opération d’un
studio d’enregistrement. Mais il faut faire cela pas à pas... petit à
petit, sinon c’est très facile de négliger ce qu’on a déjà réussi à
accomplir avec succès.
Q :
Une dernière question. Quel âge avez-vous et est-ce que vous envisagez
de prendre votre retraite prochainement ?
R :
J’ai vingt-six ans et
je crois que la question de la retraite est stupide. je suis jeune...
il y a encore beaucoup de choses que je veux faire et que j’ai prévu
de faire.
Traduction Patrick Montier,
compléments et commentaires Dror - Avril 2006

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1ère et
4e de couverture, n° 2, septembre 1985 / cliquer pour agrandir l'image |
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chronique de l'album THE
IMMORTAL / cliquer pour lire l'article original |

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Janet Martin à droite,
secrétaire de l'association
(c)
collection personnelle, Patrick Montier et JPP-PRODUCT

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