Otis Redding at Tiles : 16.09.1966
Hit The Road Stax : Finsbury Road Astoria, 17 mars 1967
2 articles
de Bill Millar
extraits de journaux anglais.
traduction de
Patrick Montier
avec l'aimable autorisation du site
Rock's Back pages
(à découvrir en bas de page)
Rock's
Backpages - Otis Redding at Tiles : 16.09.1966
Bill Millar, Soul Music Monthly, octobre
1966
Thanks to Graham Ellwood
On pourrait décerner une mention à Otis
dans le Financial Times cette année. L'affluence au cours de sa
récente tournée, particulièrement dans les environs de Londres a été
assez phénoménale. 6000 personnes ont payé 10 shillings pour le voir à
Purley et il a été annoncé par la suite que 8000 autres avaient sorti
25 shillings par tête pour le voir à Tiles. Tout le spectacle semblait
calqué sur celui de James Brown. A 9h30, l'Otis
Redding Show Band arriva pour
chauffer la salle. Comme si celle-ci en avait besoin! L'orchestre de
9 musiciens - batterie, guitare basse, guitare rythmique/solo,
trombone, 2 trompettes et 3 saxes - Tous paraissaient très élégants
dans leurs vestes bleues à sequin, leurs chemises blanches et leurs
cravates noires.
Deux des saxos étaient des musiciens
blancs - une surprise. Dans l'ensemble, l'orchestre était bien au
point mais semblait swinguer avec plus de cohésion derrière Otis que
lorsqu'ils jouaient seuls. Ils ont débuté avec
We're Gonna Work Out Fine
(une bonne vitrine pour la guitare solo !) qui se termina dans une
apothéose de cuivres. Philly
Dog, avec une bonne dose de
longs et haletants solos de sax et de trompette, précédant un morceau
à la King Curtis qui évolua malheureusement vers un épisode modern
jazz non identifiable et qui sembla durer un bon quart d'heure. Chaque
musicien semblait jouer un morceau différent en même temps mais la
salle, faisant preuve d'un enthousiasme excessif, les applaudit
quand même à tout rompre.
Otis entra sur scène élégamment vêtu
d'un costume noir et débuta par
Shake. Comme beaucoup
d'autres morceaux au tempo rapide, il fut interprété de façon très
accéléré, la voix étant perdue dans une débauche de cuivres. Encore
heureux qu'il ait dû laisser 5 membres de l'orchestre derrière lui !
A Tiles, vous pouvez faire deux choses
: vous tenir devant et ainsi avoir de bonnes chances de voir le
chanteur sans l'entendre chanter ou, alternativement, vous tenir plus
en arrière et l'entendre parfaitement mais ne pas voir ce qui se passe
sur la scène, à moins, bien sûr que vous n'ayez la taille de Long John
Baldry. Heureusement pour une partie des spectateurs, Otis est grand
et ceux qui ne se trouvaient pas dans les premiers rangs pouvaient au
moins apercevoir le haut de son crâne.
Il retira sa veste pour interpréter
une version plutôt plate et manquant d'inspiration de
Land Of 1000 Dances,
les spectateurs chantant avec entrain.
Don't Mess With Cupid
mit en valeur, selon moi, le meilleur d'Otis. Il possède un sens du
rythme fantastique. Son corps se secouait avec chaque syllabe et se
tordait en même temps que la batterie avec une précision parfaite.
My Girl,
accueilli par des applaudissements frénétiques fut lui aussi
interprété sur un tempo plus rapide que la normale et Otis, plié en
deux sur le micro, acheva le morceau en déclinant le titre de façon
saccadée pendant que l'orchestre interprétait plusieurs fausses fins.
programme de septembre 1966
Le premier titre présenté,
I've Been Loving You Too Long,
fut aussi le meilleur de la soirée. Les acclamations colossales qui
accueillirent les deux premiers mots, indiquaient clairement que
plus de slows et de chansons profondes auraient été
bienvenues. C'est aussi le premier morceau
sur lequel on a pu entendre la voix d'Otis sans difficultés.
Il a véritablement interprété celui-ci
de façon déchirante pendant que l'orchestre se faisait doux et
discret. Très efficace. Au milieu du morceau, Otis présenta son
orchestre à la manière Soul et redémarra sur la partie la plus
émouvante de la chanson, tombant sur les genoux puis se relevant avec
l'aide de deux de ses saxophonistes. En fait, une caricature de James
Brown mais en moins hystérique et sans la cape multicolore.
Respect,
Pain In My Heart
et I Can't Turn You Loose
s'enchaînèrent rapidement et malgré des tempos différents, il était
très difficile de discerner les morceaux les uns des autres. Seul le
rythmé Loose
permit vraiment de montrer le remarquable sens du rythme d'Otis à son
plein avantage.
Ses autres mouvements de scène sont
plus limités, un peu comme Ben E. King auquel il fait beaucoup penser
à certains moments. Les lecteurs comprendrons
peut-être ce que je veux dire: il fait le plein de mimiques et de
sourires sur ce qui devrait être la plus émouvante des chansons !!
Otis secoue par moment son corps de façon étrange
mais se contente le plus souvent d'arpenter la scène d'un bord à
l'autre comme s'il allait frapper le tromboniste pour avoir fait une
fausse note.
Satisfaction,
interprété à un rythme terrible, fut suivi de
Barfootin'
avec quelques pointes d'humour à propos du Boogaloo. Le joueur de
trombone se livra à quelques pas de danse sous les applaudissements.
L'orchestre joua de plus en plus vite, les spectateurs tapaient dans
leurs mains de plus en plus vite puis, tout d'un coup, ce fut fini.
Nous sommes restés pour le deuxième
spectacle, à 0h30, dans l'espoir d'entendre des morceaux plus lents,
mais pour être franc, ça n'était pas nécessaire. Les gens se bousculaient de
façon idiote et la chaleur était intense. On aurait pu lever les pieds
du sol sans tomber et comme il était prévisible, plusieurs jeunes
filles s'évanouirent.
L'orchestre joua
Last Night
et Soul Twist
mais Otis, à part porter une veste rouge et des pantalons blancs se
comporta de la même manière. Il reprit les mêmes 9 morceaux dans le
même ordre avec les mêmes mouvements, les mêmes pauses et les mêmes
présentations. Tout ça pour rien !
Je suis obligé de dire que la
réputation d'Otis est surestimée. Il va sans dire qu'il est beaucoup
plus professionnel que la majorité des chanteurs de Soul qui nous
rendent visite mais, en tant que chanteur de scène, il n'arrive pas au
niveau des Solomon Burke et autres James Brown et l'influence de
Litlle Richard qu'il a montré au départ a disparu depuis longtemps. Il
est vrai que j'ai dû voir son spectacle dans des conditions
intolérables et qu'une place dans une salle agréable et bien aérée
aurait probablement fait une grande différence.
Bill Millar, 1966
(traduction Patrick
Montier)
le programme de la tournée anglaise de septembre 1966
cliquer sur les
images pour voir le texte original
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La vedette de ce show est Otis Redding. Otis, récemment désigné par le
magazine CashBox comme le meilleur chanteur masculin de R & B pour 1965,
dirige son spectacle Soul. Le "Big O" a une liste de succès qui fait
l'envie de toute l'industrie musicale. Cashbox a désigné 3 de ses titres
parmi les plus grands succès de 1965. Depuis son premier enregistrement,
These Arms Of Mine, en 1962, Otis a eu 12 enregistrements
classés dans le top 100 aux Etats Unis. Il n'a jamais sorti un seul 45
tours qui n'ai pas escaladé les classements ! D’où les légions de fans
dont il dispose ici et dans le reste du monde.
Sur scène, ce chanteur Soul dynamique a peu d'équivalents dans le monde
de la musique. Les fans se rendent immédiatement compte jusqu'à quel
point Otis se démène pour leur en donner pour leur argent, ainsi qu'aux
organisateurs.
Son fantastique orchestre interprète chaque morceau comme vous pouvez
l'entendre sur le disque mais Redding injecte encore plus de choses dans
un spectacle en public que ne peut le faire un disque. Il n'est pas rare
de voir ses fans envahir la scène pendant l'une de ses interprétations.
Voilà pourquoi il y a tous ces gardes du corps qui l'accompagnent en
permanence.
En plus d'être le meilleur chanteur de R & B américain dans les
magazines spécialisés, Redding dirige un certain nombre de sociétés en
rapport avec le show business. Il possède une maison de disques, et
d'éditions musicales, produit des disques, est un homme d'affaire,
s'occupe de location de biens immobiliers, compose des chansons, plus de
30 titres à ce jour, et possède un ranch.
Redding devient de plus en plus un chanteur au statut international.
Plus particulièrement en Angleterre, il a établi une véritable nouvelle
carrière. Récemment, une de ses chansons s'est retrouvée dans les 20
premières, au même rang que les Beatles et les Rolling Stones.
Le son d'Otis Redding continue de se répandre dans le monde entier
grâce à la radio. En complément de ses multiples talents vocaux et
professionnels, Otis est aussi un musicien remarquable. Il joue de
l'orgue, de la basse, de la guitare et de la batterie.
Le Grand Orchestre d'Otis Redding ouvre chaque spectacle. L'orchestre
est probablement l'un des meilleurs grands orchestres de tournée
actuels. Le répertoire s'étend du rhythm and blues au jazz en passant
par la pop. Chaque membre de l'orchestre a été soigneusement sélectionné
parmi tous les musiciens du pays. Le son de cet orchestre est le
résultat de nombreuses heures de répétition et de dur travail. Otis
supervise chaque morceau et assiste personnellement à toutes les
répétitions, introduisant de nombreuses idées personnelles dans chaque
arrangement. Al "Brisco" Clark est le vocaliste et le présentateur des
shows. Brisco est bien connu dans tous les USA pour son rôle attractif
et original. Il a tourné pendant plusieurs années avec le James Brown
Show dans les mêmes conditions que pour les spectacles de Redding.
Le Show Otis Redding est un spectacle complet de Soul Music avec Otis
Redding, les Soul Merchants, Speedo Sims, Al "Brisco" Clark et le Grand
Orchestre d'Otis Redding.
traduction Patrick
Montier
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Rock
Backpages - Otis Redding etc.
: Hit The Road Stax :
Finsbury Road Astoria, 17 mars 1967.
Bill Millar et autres, avril 1967.
Il était évident que chaque membre du
show Stax allait recevoir les applaudissements les plus sympathiques,
que la prestation des uns et des autres soit absolument excellente ou
quasiment médiocre. Pour la deuxième séance, la salle était comble et
les rideaux s'ouvrirent alors que beaucoup de spectateurs, moi
compris, cherchaient encore leur place. Du coup, je ne suis pas
absolument sûr des morceaux interprété par les
MG's, mais ils commencèrent par
"Gimme Some Lovin",
certains diront "Lot Of Love"
d'Homer Banks.
Vêtus de costumes vert citron et en
chemises blanches, le groupe enchaîna avec
Red Beans And Rice,
Duck Dunn
avec son visage poupon planté devant le reste du groupe avec sa
guitare basse, sautant sur place comme un joueur de rock surexcité. A
l'inverse, Steve Cropper,
le plus populaire des MG's, très calme, se tenait très en arrière.
S'il a du tempérament, il le cache derrière son instrument et se
produit sans gestes inutiles, ni changements d'expression. Sur
Hip-Hug Her,
sa guitare se réveilla et ses étonnants solos avec ces notes torturées
résonnèrent dans la salle.
Booker T.,
paraissant plus âgé que sur ses photos, conclut le récital des MG's
avec Green Onions.
Quel plaisir ! Les subtils échanges entre les superbes notes tendues
de la guitare de Steve Cropper et les riffs bluesy de l'orgue de
Booker nous ont tous transportés. La salle s'est levée et les a
ovationnés.
La section rythmique se vit ajouter
trois cuivres, afin de donner aux fans un aperçu du son des
Mar-Keys. En
costumes bleu royal, Wayne Jackson
à la trompette, le nouveau venu
Andrew Love au
saxo ténor (un musicien noir) et Bob Snyder
au saxo baryton (NDLR : en fait, Floyd Newman.
Quant à Andrew Love, il était déjà depuis plusieurs années membre des
Mar-Keys), l'orchestre au complet démarra avec
Philly Dog
et termina avec une version marathonienne de
Last Night.
Amusant de voir le musicien blanc Wayne Jackson venir au micro pour
pousser le célèbre "Ooh, last night" avec l'accent noir. Le
récital des Mar-Keys fut excellent mais trop court. En fait, le
spectacle de deux heures sembla durer quelques minutes seulement,
peut-être parce que chaque artiste ne passa qu'une petite partie du
spectacle sur scène, bien que valant la peine d'être vu, alors que
dans un spectacle habituel, on s'ennuie à mort dans son fauteuil en
écoutant divers groupes anglais médiocres avant que l'artiste
principal n'entre en scène.
On peut voir que la
maquette du programme d'origine
incluait Percy Sledge,
avant que celui-ci ne se décommande et soit remplacé par
Arthur Conley. Du
coup, Arthur Conley s'est retrouvé en plus gros que les autres sur
l'affiche, mis à part Otis !!! Ce petit homme mince reçu d'énormes
acclamations, sans doute plus que ce à quoi il s'attendait. En costume
bleu, il s'empara du micro pour interpréter
In The Midnight Hour
et jeta sa veste en coulisses pour interpréter
Sweet Soul Music.
Un titre qui est en fait dérivé du
Yeah Man
de
Sam Cooke. Arthur eut beaucoup
de succès. A l'évidence un bon danseur et une personne petite par la
taille mais au tempérament bouillant. Après un très court
Land Of 1000 Dances
il fit une sortie spectaculaire, glissant d'un côté de la scène à
l'autre sur un pied, à la James Brown.
Dans sa robe lamée doré, les cheveux
coups court, Carla Thomas
entra sous les projecteurs avec
Let Me Be Good To You.
Une bonne interprétation, très carrée et swinguante, soutenue d'un
bout à l'autre par le rythme prenant de la batterie d'Al
Jackson.
Yesterday,
un titre enregistré par un groupe londonien (sic) comme l'annonça
Carla, fut une surprise. Elle l'interpréta dans un style très
"ballade". B.A.B.Y.
conclut le récital de Carla et elle repartit malheureusement aussi
vite qu'elle était arrivée. Quel dommage. Il faudrait qu'elle revienne
pour une tournée des clubs.
Je n'ai pas été très impressionné par
la prestation d'Eddie Floyd.
On finit par devenir un peu blasé par la suite sans fin de chanteurs
Soul dont le talent principal est de pousser le plus grand nombre de
fois possible des "Let me hear you say yeah" (Je veux vous entendre
dire ouais) en trois chansons. Eddie fait
partie de ceux là et je n'ai pas vraiment trouvé qu'il s'en
distinguait suffisamment. Certains n'étaient apparemment pas du même
avis et il reçut un chaleureux accueil. Il y eut d'abord
If I Had A Hammer,
mieux interprété dans de nombreuses occasions,
Knock On Wood,
un excellent morceau, reçut le plus d'applaudissements et, après qu'il
ait enlevé sa veste, Eddie entama quelques notes de son récent titre
Raise Your Hand.
L'excitation de la salle monta encore plus mais je regrette de dire
que je ne fus pas particulièrement impressionné. Eddie commit aussi
l'erreur fatale de chanter le "Long
Live To The Queen" (Longue
vie à la reine). Je n'en dis pas plus !
Dieu bénisse Sam
& Dave de nous avoir rappelé ce
qu'est la musique Soul. En élégants costumes noirs et chemises
blanches, le duo débuta avec
You Don't Know Like I Know,
montant progressivement vers une apogée de plus en plus chaude.
L'impact, après Eddie Floyd, fut carrément extraordinaire.
When Something Is Wrong With My Baby
fut le meilleur moment de leur show, de l'avis général. De l'émotion à
l'état pur. Le rythme implacable et l'harmonie déchirante de Sam &
Dave nous transportèrent tous. Ce morceau à lui seul valait le prix du
billet. La chanson de Sam Cooke et des jumeaux
Simms
Soothe Me
reçu aussi un traitement
agréable avec ses doses de chant solo et l'impeccable basse de Duck
Dunn. Sam & Dave enlevèrent leurs vestes pour danser, chanter et
s'interpeller mutuellement dans
Hold On, I'm Coming. De
la double dynamite, c'est sûr. Des frappements de pieds et des
claquements de mains accompagnèrent l'ovation debout, bien méritée,
que reçut le duo.
(La partie de l'article consacrée à la prestation de Otis Redding est
manquante. NDLR)
Ceci étant dit, j'ajoute que le show
valait la peine d'être vu. On a rarement le plaisir d'assister à 7
prestations que nous continuerons à apprécier bien longtemps après
avoir acheté les billets !
Bill Millar, 1967
(traduction Patrick Montier)
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