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 22 janvier 1966
 -  17 septembre 1966   -  23 décembre 1967 -   13 avril 1968

22 janvier 1966
 

  

 

 OTIS R.

L'homme qui chante comme s'il s'y croyait.

traduction Maxime Botella ( 12/ 2007 )
 

Tout chanteur, peu importe qu’il soit bon ou mauvais, n'a qu'un seul souci quand il enregistre un disque. Tout simplement, ce disque sera-t-il le disque qui me rapportera beaucoup, beaucoup d’argent ?

Aucun chanteur n’enregistre pour une minorité, même si le public est très reconnaissant. Les chanteurs qui enregistrent des disques préfèrent en vendre un million à des fous de la pop âgés de quatre ans plutôt que 1500 copies à des branchés appartenant à un cercle bien fermé.

Par conséquent ça doit être extrêmement frustrant d’être un chanteur pour lequel une minorité s’extasie et pourtant qu’une majorité ignore.

Jusqu’à “My Girl” Otis Redding était très branché. Si quelqu’un avait pris la peine de compiler un top 10 des titres "branchés", il aurait constaté qu’Otis en était exclu. Principalement parce qu’il est dans le top 20 "pop" et qu’il fait beaucoup d’argent avec les fans des Beatles et des Stones qui achètent sans aucun doute “My Girl” (aucun hippie en Grande Bretagne n’a pu placer un disque dans le top 30). C’est seulement lorsque les fans des Beatles et des Stones parlent de “My Girl” qu’ils disent “il chante comme s'il s'y croyait”. Alors qu’un hippie ferait référence à “l’incroyable soulfulness [mélancolie]” d’Otis.

Il y a eu beaucoup de controverse à propos de "My Girl" parmi les hippies eux-mêmes car ce titre avait été au préalable enregistré et avait atteint le Top 50 ici (en Angleterre) par les Temptations sur Tamla-Motown. Maintenant, que penser quand une star branchée enregistre une chanson d'une autre star branchée et en fait un succès ?

Facile. On découvre que la version d'Otis avait en fait été enregistrée comme un titre d'album seulement, pas comme une reprise à l'origine. Donc ceci est acceptable. Cependant, Otis a aussi enregistré sa version de "Satisfaction" sur le même album, qui n'est pas encore sorti ici. Comment un hippie répond à ça ?

Pas si facile. Une théorie est de dire qu'Otis l'a enregistrée comme une blague et que la version a été inclue sur l'album pour pouvoir le compléter. Sauf que Otis lui-même admet aimer les Stones. Il est fort probable que la pensée blasphématoire: "Est-ce qu'un artiste R&B américain peut vraiment AIMER un groupe anglais ?" a traversé l'esprit de nombreuses personnes ultra branchée.  Une pop star a une autre théorie: Otis aurait écrit "Satisfaction" lui-même et l'aurait vendue au Stones. Intéressant mais totalement illogique.

Quoi qu'il en soit, laissons un peu ces hippies, tout simplement qui est Otis Redding ?

Il a 24 ans et il est né à Dawson, Georgie le 9 septembre 1941. Puis sa famille a déménagé à Macon, dans le même État, la ville natale de Little Richard Otis s'inspira du succès de Richard et décida de se lancer dans le chant. Il gagna des radio-crochets et se fit remarquer par un étudiant, Phil Walden, qui dans son temps libre cherchait des concerts pour des groupes. Phil est devenu le manager de Otis et bientôt Otis rejoignait Johnny Jenkins and the Pinetoppers et enregistrait "Twist Love" pour Atlantic Records.

Mais les premiers efforts d'Otis étaient très inspirés par Little Richard. Son premier disque disponible ici "Shout Bamalama"/"Fat Girl" sur le label Sue est en tout point identique au son et au style de Mr. Penniman.

Un jour, Otis conduisait Johnny à un studio d'enregistrement à Memphis, Tennessee. Johnny avait fini son enregistrement et Otis lui demanda s'il pouvait enregistrer une demo de deux titres qu'il avait écrits lui-même. En moins d'une heure il avait enregistré "These Arms Of Mine" suivi du très Little Richard "Hey, Hey Baby".

Il fut sorti sur le label Volt et le disque fut un gros succès. C'est dommage qu'il ne fut pas sorti ici mais son disque suivant devint un succès encore plus grand. Il s'agissait d'un blues tourmenté qui s'appelait "Pain In My Heart" et qui est sorti ici, tout comme le suivant, la douce ballade blues "Come To Me". Ensuite vint le morceau R&B "Mr. Pitiful" qui ne fut pas un énorme succès commercial mais qui est depuis devenu un standard R&B.

PAS SORTI

Pour d’obscures raisons DECCA n’a même pas sorti le titre suivant en face A . C’était “I’ve Been Loving You Too Long (To Stop Now)” qui devint son plus gros succès aux États-Unis à ce jour. Il s’agissait d’un blues lent fantastique qui atteignait un sommet plein d’émotion. Il fut finalement sorti ici en face B de “Respect” qui était surement le meilleur morceau rapide d’Otis. L’un dans l’autre, “Respect”/ “I’ve Been Loving You Too Long (To Stop Now)” était un single fantastique.

Le succès commercial de “My Girl” est du à un éditorialiste du Record Mirror, Tony Hall, qui avait constaté son potentiel sur l’album. Ses compétences en matière de promotion chez Decca lui permit de le sortir en single. C’est à ce jour toute l’histoire d’Otis en disques.

Le groupe qui enregistre avec lui est Booker T. & The MG’s avec les Mar-Keys. Ce groupe, sous plusieurs formes, est celui qui accompagne tous les artistes des labels américains Stax et Volt. Le groupe qui accompagne Otis en concert est différent même si parfois  des musiciens jouant avec lui sur scène l’accompagnent dans le studio – il y a environ une dizaine de membres dans le groupe qui l’accompagne en tournée: guitare, basse, deux batteurs, deux saxophones ténors, deux saxophones baryton, deux trompettes et un trombone. Le chanteur Earl Sims est aussi dans le groupe – il chante en duo avec Otis sur “Respect”. Mais c’est William Bell qui rejoint Otis au chant sur “My Girl” et “Wonderful World”. Il est lui-même une vedette chez Stax et a enregistré des titres comme “You Don’t Miss Your Water”.

Otis joue de plusieurs instruments: basse, batterie et clavier. Il s’essaie au rôle de producteur et a son propre label: Jotis Records. Il a produit “The Same Thing All Over” de Billy Young et sa maison d’édition s’appelle Walco Music.

Il écrit également tous les arrangements de tous les instruments présents sur ses disques. Il écrit aussi la plupart des titres qu’il interprète lui-même. C’est une personne bourrée de talents bien plus qu’un simple chanteur.

Et puis c’est un de ces chanteurs au sujet duquel peu importe les chansons qu’il chante. Car sa voix et son style sont si bons qu’il sonnerait excellent en chantant presque n’importe quoi.

Norman Jopling

RECORD MIRROR, de la semaine finissant le 22 janvier 1966
 

NB : légende de la photo : OTIS REDDING – son nouveau single avait originellement été enregistré comme un morceau de l’album
 

 

17 septembre 1966

(traduction et note: Patrick Montier 2003)
 

            

Otis Redding dans sa chambre d'hôtel (photos RM)

 

 

RESPECT en 15 minutes !



L'homme qui atteint en permanence les sommets des hit parades, qui écrit des chansons destinées à devenir des classiques dans leur domaine et qui est un géant parmi les géants du R and B ne ressemble pas à ce à quoi on pourrait s'attendre de la part d'une telle personne. Je veux parler bien sûr d'Otis Redding.

Il a fait une courte halte à Londres, en route pour un show à l'Olympia à Paris et pour faire sa propre émission  à Ready, Steady, Go. Avec une multitude d'autres journalistes, j'ai été invité à le rencontrer au Blaise Club à Kensington.

Pendant que des jeunes filles en minijupe allaient et venaient en distribuant des rafraîchissements, les succès d'Otis Redding étaient déversés par de nombreux haut-parleurs, rendant la conversation parfois difficile. Une brochette de célébrités traînait ici et là en attendant l'arrivée d'Otis.

 Le grand et amical
Giorgio Gomelsky (NDT : un arrangeur et chef d'orchestre anglais pop de l'époque) me fonça dessus sans prévenir et m'entraîna vers un homme costaud et habillé de façon très ordinaire que je pris pour un des accompagnateurs d'Otis. Pas du tout, c'était Otis lui-même. Un homme très calme, qui se révéla très agréable et génial.

Il me salua comme un ami qu'on n'a pas vu depuis très longtemps et m'expliqua toutes ses recettes pour écrire des chansons.

"J'écoute un air et je bâtis les paroles dessus", m'expliqua t'il, appuyé contre un mur brillamment coloré.  "Quelqu'un dit quelque chose d'intéressant et je m'en sers comme titre".

Nous avons ensuite passé quelques minutes inconfortables à chercher quelque chose d'intéressant à se dire puis avons fais une grimace désespéré l'un vers l'autre avant de passer à autre chose. Pas de nouveau titre intéressant à tirer de notre conversation, visiblement.

"Je peux écrire une chanson en une heure et demi" continua Otis. "Respect a demandé environ 15 minutes. Je n'ai pas de mal à trouver des paroles si j'ai un titre"

J'ai demandé comment Otis chante ses chansons en public, est-ce que son état d'esprit a un effet quelconque sur la manière dont il interprète une chanson ?

"Oui, quand je chante, je sens la chanson," dit-il. Je ne chante pas toujours les paroles telles qu'elles figurent sur le disque. Je les modifie fréquemment. C'est ce que je ressent intérieurement qui me dicte ce que je chante".

 Deux de mes chansons favorites d'Otis sont "I've Been Loving You Too Long" qui en dit tant et d'une manière si émouvante et son titre récent "My Lover's Prayer". Mais beaucoup de ses compositions ont un thème basé sur une profonde solitude et la supplication. Ceci est-il dû à l'expérience personnelle d'Otis ?

"J'ai toujours utilisé cette façon de se traîner devant une femme et de la supplier en lui demandant "s'il te plaît". Ca a toujours bien marché pour moi".  

J'ai ensuite abordé deux sujets qui ont fait l'objet de controverses depuis un certain temps : est ce que seuls les gens de couleur  peuvent chanter correctement le blues et quelle est la différence entre le Rhythm and Blues et le Rock and Roll.

D'abord le blues. Otis dit "Non, ce n'est pas vrai que les artistes blancs ne savent pas chanter le blues. Prend les
Righteous Brothers. Ils sont blancs et ils sont très Soul. J'ai entendu de bons artistes blancs chanter avec beaucoup de feeling."

En ce qui concerne le Rock and Roll et le Rhythm and Blues, Otis dit "Il y a une grande différence. Le Rock est juste un rythme sur lequel on peut  remuer. Il n'y a pas de Soul. C'est superficiel,  de la musique pour chanter ensemble. Tout le monde peut chanter ça. Certains peuvent dire, "ce type a de la Soul", mais ils ont tort, à moins qu'il ne ressente réellement ce qu'il est en train de chanter.

C'est le fondement du blues, vous devez ressentir la chanson, quelqu'un d'autre ne peut pas le faire.

A ce moment, on nous informa que quelques photos devaient être prises avec
Johnny Hallyday , qui était présent à cette rencontre. Il me dit au revoir et s'éloigna.

Otis et Johnny

La dernière information que j'ai pu récolter, c'est que tous ses concerts et apparitions dans des clubs pour la semaine étaient complets.

Il ne fait pas de doute pour tous ceux qui ont rencontré Otis que c'est un homme très sincère. Pour tous ceux qui ont eu la chance de le voir se produire sur scène, il ne fait aucun doute que c'est le plus grand artiste de Rhythm and Blues.

Richard Green

(traduction et note: Patrick Montier 2003)

 

  

Otis Redding dans sa chambre d'hôtel à Londres - septembre 1966 (Photos RM)
 

      

 

 

23 décembre 1967

article de
Norman Joplin / traduction
Patrick Montier
 

 

TO OTIS
The life and music of OTIS REDDING - and some tributes

 

La vie et la musique d'Otis Redding – et un hommage...



Les photos en couleur montrent Otis tel que s'en souviennent ses fans et ses admirateurs, mais aussi tous les gens, beaucoup de sortes de gens, qui aimaient simplement ses disques et ses enregistrements. Récemment, la carrière d'Otis a atteint des sommets stupéfiants, débouchant sur des tournées à succès dans les îles britanniques, des classements fantastiques au niveau des cotes de popularité et une série de grosses ventes de disques.


Mais Otis Redding, c'était aussi autre chose. Beaucoup de stars font de l'argent, recueillent beaucoup de votes favorables et se classent dans les hit parades. Peu d'entre eux sont considérés de la même façon qu'Otis Redding. Pour quelle raison ? Dire qu'il chantait avec du feeling et de la soul n'est qu'une partie de la réponse. On ne peut pas s'empêcher de remarquer qu'Otis communiquait mieux que n'importe qui. Seulement très peu de chanteurs – et ils sont devenus légendaires – avaient ce talent, comme les grands écrivains, de vous toucher et de s'emparer de vos émotions, en communiquant directement avec VOUS, vos problèmes et vos sensations. Et vous saviez que des millions de copies de ses disques se vendaient et chacun d'entre eux avait plus d'importance que n'importe quel autre disque pop.


Depuis sa première grosse vente, "Pain In My Heart" dans lequel il transmettait tant d'émotion, jusqu'à son dernier succès "Tramp", dans lequel il se défendait avec humour des sarcasmes de l'autre sexe, pratiquement chaque 45 tours de Redding représentait quelque chose pour quelqu'un.

Et Otis lui-même, quant il est venu ici, était l'image même de cette forme de communication - vous pouviez effectivement aller le voir au lieu de seulement passer ses disques jusqu'à usure complète.

Otis est né à Dawson en Géorgie, le 9 septembre 1941 et alla à Macon dans sa jeunesse. Un autre chanteur, Little Richard, avait été élevé à Macon et Otis décida de tenter sa chance dans le spectacle, inspiré par le succès de son compatriote. Otis gagna un certain nombre de concours locaux et s'associa avec son camarade de classe Phil Walden, qui cherchait à créer un orchestre local.

Otis fit quelques premiers enregistrements qui, sans surprise, ressemblaient à du Little Richard. (L’un d'entre eux, "Shout Bamalama", vient d'ailleurs d'être réenregistrée par Mickey Murray et est entré dans les hit parades US). Otis, managé par Phil, rejoignit Johnny Jenkins & The Pinetoppers, qui avaient fait un succès local avec "Love Twist" chez Atlantic. Pendant une séance d'enregistrement avec Johnny, Otis demanda s'il pouvait enregistrer une démo. Il restait 40 minutes avant la fin de la séance et "These Arms Of Mine" et sa face B furent enregistrés. Ce fut un succès, une grosse vente et qui dura longtemps. La vraie carrière d'Otis Redding venait de commencer.
 


"These Arms Of Mine" n'a jamais été édité ici au moment de sa sortie - le titre est aujourd'hui disponible sur un 45 tours, couplé avec "Respect", publié par Atlantic. Le titre suivant, "Pain In My Heart" fut le premier succès national pour Otis et déclencha une vague d'intérêt pour Otis ici. Il fut suivi de "Come To Me" et "Mr Pitiful". La réputation d'Otis alla en s'amplifiant, bien que ses disques n'aient pas encore été classés au hit parade. Atlantic, distribué par Decca à l'époque, sortit les deux plus gros succès d'Otis sur un seul disque : "I've Been Loving You Too Long", couplé avec "Respect". Ce disque extraordinaire classa aussitôt Otis parmi les plus grands chanteurs de Soul et de R'n B de tous les temps. Son 45 tours suivant, "My Girl", extrait d'un 30 cm se classa dans les 10 premier et fut suivi par la version d'Otis de "Satisfaction" - le renvoi d'ascenseur d'Otis aux Rolling Stones pour avoir enregistré "Pain In My Heart". La suite fait partie de l'histoire de la musique.



Sharon Tandy - 45t allemand


Et pour finir, un hommage de Sharon Tandy, sans doute la vedette anglaise qui est la plus proche d'Otis Redding - Sharon a travaillé avec Otis pendant la fameuse tournée "Hit The Road Stax" et l'a également rencontré aux USA ou elle a enregistré avec l'orchestre et les musiciens de chez StaxVolt.

Sharon dit : "... Otis avait une fantastique chaleur humaine - j'ai beaucoup appris de lui. C'était un chanteur tellement particulier - personne ne pouvait lui être comparé. Je pense qu'on ne le remplacera jamais. Je pense que c'est Sam & Dave qui occuperont désormais le sommet de l'affiche lors des tournées Stax".

Norman Jopling
 

 

          

le TOP R&B anglais au 23 décembre 1967      -       l'hommage aux disparus

 

 13 Avril 1968

 


to click on the image to read the English article

 
traduction et notes (en italique)  : Dror  2004

 

 

L’AMBITION D’OTIS ETAIT DE REMPLACER SAM COOKE...

 

 
"voici le rapport sur ses funérailles spectaculaires"
 

 

Il y a trois ans à peu près, j’avais écrit un article sur Otis Redding dans la série nommée « Grands Inconnus ». Il était basé sur 4 disques et quelques informations sur Otis qui étaient connues à l’époque. Les disques étaient « Pain In My Heart », « Come To Me » et « Mr Pitiful » sur la marque London et « Shout Bamalama » sur la marque Sue.

Un mois plus tard je recevais une lettre du manager d’Otis, Phil Walden. En voici quelques extraits :

« Otis et moi avons été ravis de votre article de l’édition du 1er Mai du Record Mirror ! Veuillez accepter nos remerciements pour un merveilleux et juste rapport sur Otis ».

« Il va sans dire que nous espérons que sa popularité et son succès se répandront dans votre pays. Otis a conquis un grand public aux Etats-Unis et dans plusieurs pays d’Amérique du Sud. Je crois sincèrement que son « Redding Feeling » (« Sentiment Redding » mais Feeling est plus que le simple sentiment, c’est quelque chose entre le sentiment et la sensation...) deviendra un élément tout aussi important dans le monde britannique de la musique ».

Une lettre prophétique, en effet.

Et quand Otis DEVINT une grande star ici en Grande-Bretagne, plusieurs biographies de lui, éditées par sa maison de disque, fournirent quelques faits qui ne sont pas toujours connus. En voici certains :

L’ambition personnelle d’Otis était de combler le vide crée quand Sam Cooke fut tué. D’ailleurs, le chanteur préféré d’Otis était Sam Cooke, suivi de Bob Dylan. Parmi les artistes Britanniques, Otis aimait les Rolling Stones (ils ont aidé à rendre Otis populaire en enregistrant « Pain In My Heart » - Otis rendit la pareille en enregistrant plus tard sa version de « Satisfaction » des Stones), les Beatles, les Animals et les Troggs.

 (Pour Dylan, c’est faux, voir le texte de Bowman [à la page Otis Redding Story]. Pour les Stones c’est aussi à modérer, si on lit sa dernière interview. Pour les Animals, c’est vrai, c’était un ami d’Eric Burdon. Pour les Troggs, rappelons que ce sont les auteurs d’un seul tube : « Wild Thing »)

Otis a créé sa propre maison de disques en Amérique, appelée Jotis Records Inc. Le premier disque de cette marque fut « Same Thing All Over » / « The Sloopy Sloop » - qui fut écrit, produit, arrangé par Otis, qui joua aussi du piano pendant l’enregistrement, l’artiste était Billy Young.

L’album posthume d’Otis « The Dock Of The Bay » est sur Volt 419 et sera peut-être distribué ici prochainement. Les morceaux en sont les suivants : (Sittin’ On) The Dock Of The Bay ; Let Me Come On Home ; I Love You More Than Words Can Say ; Open The Door ; Don’t Mess With Cupid ; The Glory Of Love ; Nobody Knows (When You’re Down And Out) ; I’m Coming Home ; Tramp ; The Hucklebuck ; Ole Man Trouble.

« Tramp » est, bien sûr, avec Carla Thomas.

Pour finir, un extrait d’un article d’un journal canadien à propos des funérailles de Redding. Le titre dit : « Des Funérailles Extravagantes pour « Le Roi de la Soul ». »

« Le corps d’Otis Redding, « Le Roi de la Soul », fut emporté vers sa ferme hier pour y être enterré pendant que sa veuve pleurait et que des milliers d’adolescents assiégeaient un chanteur de rock’n’roll et son cortège ». (drôle de définition de rock’n’roll...)

« Le service funéraire pour le « Big O » âgé de 26 ans, dont les disques ont rapporté près d’un million de dollars cette année avant qu’il ne meure dans un accident d’avion, fût tenu dans le petit auditorium municipal de la ville de Macon. Approximativement 4500 personnes s’entassèrent dans l’auditorium, et les dignitaires sur la scène derrière le cercueil de Redding paraissaient être des nains devant les parterres de fleurs. Dehors, des milliers d’autres attendaient sous des cieux lugubres. Quand le cercueil recouvert de fleurs fut sorti, suivi par Zelma, la veuve de Redding qui criait, la foule se tendit. »

« Quand le rock’n’roller (!) James Brown apparut, une parmi plusieurs des célèbres stars du disque présentes aux funérailles, un désordre indescriptible s’ensuivit. Brown plongea dans sa voiture qui commença à suivre le corbillard. Mais des jeunes hurlant se jetèrent sur le véhicule, le retenant. Ses efforts pour avancer ne produirent que le roulement des pneus et des nuages de fumée bleue. La police accourra pour enlever les jeunes de la voiture. »

   James Brown aux funérailles d'Otis Redding

« Des employés de bureaux se penchèrent par les fenêtres, acclamant les adolescents frénétiques. »

« À la moitié de la cérémonie, alors que Joe Simon chantait passionnément « Jesus Keep Me Near The Cross » (Jésus, garde-moi près de la croix), Mme Redding s’effondra. Ses lamentations ponctuèrent les sanglots amplifiés de Simon, et ses talons battaient la retraite comme une batterie sur le parquet dur de l’auditorium. »

« Des infirmières vêtues de blanc qui étaient dispersées dans la foule se précipitèrent pour l’aider. »

« Après le service, le corps de Redding fut emporté dans son Big O ranch à Round Oak (le chêne rond), Géorgie, à 20 miles environs de Macon, pour un enterrement privé. On a rapporté que Redding a récemment enregistré 40 chansons qui n’avaient pas été publiées quand son avion affrété pour le porter vers des engagements, lui et son groupe, s’écrasa dans un lac glacé près de Madison, Wisconsin. »

Ce ne fut pas un évènement très plaisant ou digne. Mais on se souviendra de Redding, non pas à cause de ses funérailles, mais à travers ses disques, et son style, et sa voix.

NORMAN JOPLING
 

traduction et notes (en italique) : Dror - 2004

 


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