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     ROCK & FOLK n° 15   /    février 1968

 

 

" Nous avons recueilli ces quelques commentaires des vedettes

françaises les plus touchées par la mort du grand Otis Redding "

 

 

 

NOEL DESCHAMPS

C'est une grande perte et une catastrophe. Dans le rhythm and blues, c'est Ray Charles que j'ai d'abord aimé, puis James Brown et enfin Otis Redding. Ce sont trois styles nettement différents, sans parler de Sam & Dave que l'on peut situer sur un autre plan puisqu'ils sont duettistes. Otis, lui, avait su trouver un son nouveau, une interprétation, une couleur qui le mettaient à part par rapport aux autres Noirs car, il faut bien le dire, le R & B, ça n'est toujours qu'un même style. Avec sa technique vocale, Otis a su commercialiser et populariser le rhythm and blues à travers le monde.

 

NINO FERRER

J'ai été terriblement frappé par la mort d'Otis Redding parce que je le considérais, d'une part, comme le plus grand chanteur de rhythm and blues actuel, bien au‑dessus de James Brown, et d'autre part parce que nous l'avions connu, avec ma femme, lors de son passage à Paris, et nous devions aller chez lui au printemps prochain. Ça m'a vraiment rendu malade. C'était un type extrêmement sympa, pas du tout la grosse tête, simple. J'adore «Try a little tenderness». J'adore aussi «Day tripper», et ça, c'est une formidable réussite, parce que c'est difficile de recréer un thème déjà marquée par une interprétation, celle des créateurs du thème en l'occurrence. Otis a fait un «Day tripper» qui n'a absolument rien à voir avec celui des Beatles. Otis était le plus grand depuis quelque temps, et il l'aurait été encore pour un moment. Le plus grand chanteur de jazz, d'ailleurs, tout simplement, parce que le rhythm and blues, contrairement à ce que certains peuvent penser, est une branche maîtresse du jazz.

 

FRANCE GALL

Je l'avais vu peu de temps auparavant à l'Olympia, et j'ai été très touchée d'apprendre sa mort. Je le trouvais fantastique, bien supérieur selon moi à James Brown ou à Wilson Pickett. Et puis très jeune, très beau... une force de la nature. J'étais dans une boîte quand on a appris sa mort. Toute la nuit on a passé ses disques... une variété incroyable, et tous ont une ambiance particulière et originale. Maintenant que nous n'aurons plus que ses disques pour nous souvenir de lui, je ne sais pas si cet espèce de rayonnement qu'il avait sera conservé intact....

 

JOHNNY HALLYDAY

J'ai un peu connu Otis Redding, il m'avait impressionné par sa gentillesse, sa bonté. J'ai du mal à en parler comme ça, au passé, ça me catastrophe vraiment de penser qu'on ne le verra plus. Mon morceau préféré, par lui, c'est «Try a little tenderness».

 

HERBERT LÉONARD

J'ai appris la mort d'Otis Redding alors que j'étais en pleine tournée avec Johnny. Sur le plan scénique, je préférais James Brown mais Otis, de loin, était mon favori sur le plan vocal. Sa mort m'émeut énormément. On ne manquera certainement pas de parler d'éventuels remplaçants mais je reste, quant à moi, intimement persuadé qu'Otis Redding restera irremplaçable.

 

EDDY MITCHELL

Après son show, je trouvai James Brown supérieur sur scène. Et puis j'ai revu James Brown et j'ai continué à trouver ça bien, mais toujours pareil. Otis Redding, quand il n'avait pas le moral, il chantait moins bien, quand il était heureux, il chantait mieux. Il devait produire la séance que j'ai faite à Memphis, c'était un accord entre Barclay et Stax, puisque Barclay distribue Stax en France. Ça n'a pas eu lieu parce qu'Otis était en tournée européenne, en mai, quand je suis allé aux U.S.A. Par contre, la fois suivante, on devait faire un disque avec, sur la pochette, Otis tenant un tigre en laisse. Il était sympa. Quelle sale histoire.

 

DICK RIVERS

C'est une très grande perte pour  la musique de rhythm and blues. Un malheur analogue à la disparition de Buddy Holly et Eddie Cochran. Otis Redding venait, pour moi, bien avant Wilson Pickett et James Brown au point de vue vocal. Je l'avais vu sur scène lors de son passage à Paris. Je connais bien Joe Tex, James Brown et Percy Sledge qui m'a écrit la musique de «Je suis triste». Mais je n'avais pas eu l'honneur de rencontrer Otis Redding. J'ai enregistré à Memphis, sa patrie, avec deux musiciens disparus dans l'accident. Une séance incroyable, un souvenir inoubliable. Je réalisai un vieux rêve. Mais je ne recommencerai pas : les musiciens sont de formidables artistes de R'n'B mais ils ne font que ça. Ils ne savent pas lire la musique. Il m'a fallu soixante‑neuf heures pour enregistrer cinq titres.

 

montage d'après 3 clichés © Photothèque JL Rancurel

 

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