NOEL DESCHAMPS
C'est une
grande perte et une catastrophe. Dans le rhythm and blues, c'est Ray Charles
que j'ai d'abord aimé, puis James Brown et enfin Otis Redding. Ce sont trois
styles nettement différents, sans parler de Sam & Dave que l'on peut situer
sur un autre plan puisqu'ils sont duettistes. Otis, lui, avait su trouver un
son nouveau, une interprétation, une couleur qui le mettaient à part par
rapport aux autres Noirs car, il faut bien le dire, le R & B, ça n'est
toujours qu'un même style. Avec sa technique vocale, Otis a su commercialiser
et populariser le rhythm and blues à travers le monde.
NINO FERRER
J'ai été
terriblement frappé par la mort d'Otis Redding parce que je le considérais,
d'une part, comme le plus grand chanteur de rhythm and blues actuel, bien
au‑dessus de James Brown, et d'autre part parce que nous l'avions connu, avec
ma femme, lors de son passage à Paris, et nous devions aller chez lui au
printemps prochain. Ça m'a vraiment rendu malade. C'était un type extrêmement
sympa, pas du tout la grosse tête, simple. J'adore «Try
a little tenderness». J'adore aussi «Day
tripper», et ça, c'est une formidable réussite,
parce que c'est difficile de recréer un thème déjà marquée par une
interprétation, celle des créateurs du thème en l'occurrence. Otis a fait un
«Day tripper» qui n'a absolument rien à voir avec celui des Beatles. Otis
était le plus grand depuis quelque temps, et il l'aurait été encore pour un
moment. Le plus grand chanteur de jazz, d'ailleurs, tout simplement, parce
que le rhythm and blues, contrairement à ce que certains peuvent penser, est
une branche maîtresse du jazz.
FRANCE GALL
Je l'avais vu
peu de temps auparavant à l'Olympia, et j'ai été très touchée d'apprendre sa
mort. Je le trouvais fantastique, bien supérieur selon moi à James Brown ou à
Wilson Pickett. Et puis très jeune, très beau... une force de la nature.
J'étais dans une boîte quand on a appris sa mort. Toute la nuit on a passé
ses disques... une variété incroyable, et tous ont une ambiance particulière
et originale. Maintenant que nous n'aurons plus que ses disques pour nous
souvenir de lui, je ne sais pas si cet espèce de rayonnement qu'il avait sera
conservé intact....
JOHNNY HALLYDAY
J'ai un peu
connu Otis Redding, il m'avait impressionné par sa gentillesse, sa bonté.
J'ai du mal à en parler comme ça, au passé, ça me catastrophe vraiment de
penser qu'on ne le verra plus. Mon morceau préféré, par lui, c'est «Try
a little tenderness».
HERBERT LÉONARD
J'ai appris la
mort d'Otis Redding alors que j'étais en pleine tournée avec Johnny. Sur le
plan scénique, je préférais James Brown mais Otis, de loin, était mon favori
sur le plan vocal. Sa mort m'émeut énormément. On ne manquera certainement
pas de parler d'éventuels remplaçants mais je reste, quant à moi, intimement
persuadé qu'Otis Redding restera irremplaçable.
EDDY MITCHELL
Après son show,
je trouvai James Brown supérieur sur scène. Et puis j'ai revu James Brown et
j'ai continué à trouver ça bien, mais toujours pareil. Otis Redding, quand il
n'avait pas le moral, il chantait moins bien, quand il était heureux, il
chantait mieux. Il devait produire la séance que j'ai faite à Memphis,
c'était un accord entre Barclay et Stax, puisque Barclay distribue Stax en
France. Ça n'a pas eu lieu parce qu'Otis était en tournée européenne, en mai,
quand je suis allé aux U.S.A. Par contre, la fois suivante, on devait faire
un disque avec, sur la pochette, Otis tenant un tigre en laisse. Il était
sympa. Quelle sale histoire.
DICK RIVERS
C'est une très
grande perte pour la musique de rhythm and blues. Un malheur analogue à la
disparition de Buddy Holly et Eddie Cochran. Otis Redding venait, pour moi,
bien avant Wilson Pickett et James Brown au point de vue vocal. Je l'avais vu
sur scène lors de son passage à Paris. Je connais bien Joe Tex, James Brown
et Percy Sledge qui m'a écrit la musique de «Je suis triste». Mais je n'avais
pas eu l'honneur de rencontrer Otis Redding. J'ai enregistré à Memphis, sa
patrie, avec deux musiciens disparus dans l'accident. Une séance incroyable,
un souvenir inoubliable. Je réalisai un vieux rêve. Mais je ne recommencerai
pas : les musiciens sont de formidables artistes de R'n'B mais ils ne font
que ça. Ils ne savent pas lire la musique. Il m'a fallu soixante‑neuf heures
pour enregistrer cinq titres.
montage
d'après 3 clichés © Photothèque JL Rancurel
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