Lorsque
Otis Redding est venu ici,
l’émission Ready, Steady, Go! avait
bâti tout son programme autour de lui. On avait alors utilisé son groupe
(seulement neuf membres avaient fait le voyage mais ils swinguaient !)
pour accompagner ses deux invités Eric Burdon
et Chris Farlowe, et bien sur Otis
lui-même.
Malheureusement
tous les tickets réservés aux journalistes étaient déjà attribués
lorsque je parvenais enfin à joindre les bureaux de Ready, Steady,
Go! , mais heureusement pour moi, quand Eric Burdon apprit mon
désarroi, il m’invita personnellement aux répétitions (merci Eric !).
J’arrivais
à Wembley en milieu d’après-midi et alors que j’attendais de rencontrer
quelqu’un, je fus présenté à un américain qui était comme moi, assis à
la réception… Je lui ai dit que je n’avais pas prévu d’aller voir Otis
car il y avait déjà tellement de journalistes présents mais que c’était
super d’être là et de pouvoir l’entendre en live.
Quand
j’arrivais dans le studio, celui-ci était bondé – même pour les
répétitions ! Tellement de gens voulaient voir Otis en action.
Alors
que je partais, à la fin des répétitions, je tombais sur mon nouveau
copain américain… « Viens avec moi, je vais te présenter mes amis… ils
sont juste dehors, devant le studio et veulent rencontrer la nana du
Hit Parader à Londres. ». J’avais
entendu plusieurs fois combien le Hit Parader avait une bonne
réputation chez les musiciens mais je n’en avais jamais eu une preuve
aussi évidente !
Il
se trouva que mon ami américain était un officiel de chez
Atlantic Records, et ses amis ? –
OUI ! – Otis et son manager personnel Phil
(Walden) !
Quand
ils apprirent que j’allais partir car je n’avais pas obtenu de pass pour
l’émission, ils insistèrent pour que je reste et me dirent qu’ils
allaient me faire passer clandestinement avec eux.
Inutile
de préciser que l’atmosphère pour l’enregistrement dans le studio était
incroyable… Otis fit swinguer tout le studio !
Il
commença avec « Satisfaction » puis enchaîna tout de suite sur « Barefootin’ »
et, alors que des danseuses arrivaient pour un numéro sexy, il se lança
dans « My Girl » (Ready, Steady, Go! a
maintenant 3 danseuses et elles effectuent quelques numéros chaque
semaine).
Puis
il nous présenta « un gars formidable, un de mes bons amis, c’est votre
ami aussi… Eric Burdon ! »… qui se lança directement dans « Hold
On I’m Comin’ »… mais je dois dire ici qu’il avait un prompteur
devant lui car il n’était pas sûr à 100% des paroles !
Après
la pause, Eric était encore là, cette fois interviewé par
Cathy McGowan… avec qui il s’extasia sur
Otis ! Puis arriva Chris Farlowe avec une version assommante de « It’s
A Man’s World », suivi d’Otis encore avec « Pain
In My Heart », « I Cant Turn You Loose »
(avec le retour des danseuses) et un final avec Eric et Chris qui le
rejoignaient sur « Land Of 1000 Dances »
mélangé avec « Shake ». C’était la fin !
Après
le show ils jouaient encore dans un club en dehors de Londres et me
demandèrent si je voulais les suivre. Bien entendu je sautais sur
l’occasion ! Quand on est sortis pour aller vers le bus, on découvrait
que le groupe y était déjà assis et chacun bien emmitouflé dans des
couvertures !...Ils prétendaient avoir froid bien que le chauffage
fonctionnait. Ils ressemblaient à une bande de squaws ou… des eskimos !
Otis
m’a alors présentée à tous puis nous nous sommes assis et, entre tous
les sujets de conversation pouvant exister, nous avons parlé…
d’équitation ! Il me dit que sa résidence principale était
Round Oak. Environ à 24 miles de Macon en
Géorgie où il se rend dès qu’il peut. Il y pratique énormément
l’équitation, il a ses propres écuries.
Ready,
Steady, Go! a été très épuisant (même
simplement à regarder !) et lentement tout le monde somnolait – mais pas
avant que Bobby Holloway m’ait pris en
photo bavardant avec Otis.
Bobby Holloway
On
arrivait au Carousel Club après
environ une heure et demi de route pour se rendre compte de l’agitation
à l’apparition d’Otis. Avant le show, le management nous a gentiment
proposés des Coca-Cola, du lait et des hamburgers. Tout a vite disparu
car personne n’avait beaucoup mangé ce jour là !
Malheureusement
la scène étant assez petite, Otis était bien à l’étroit. Mais comme tout
le monde l’entourait – et en fait parce qu’Otis est si fantastique – il
déclencha une grande excitation. Le public en demandait encore plus
quand il partait vers sa loge et comme il ne pouvait s’y rendre en
traversant le public, il dut revenir faire un rappel !
Après
quelques difficultés, le management parvint à le sortir de scène en le
faisant passer au milieu des fans pour ensuite le faire monter dans sa
loge !
Plus
personne ne somnolait sur le chemin du retour, tout le monde tombait de
sommeil ! Je ne me suis réveillée que lorsque le chauffeur me laissa
devant chez moi !
Les
deux nuits suivantes il ne jouait pas à Londres mais le vendredi il
revenait en plein centre - Tiles sur
Oxford Street pour être précis !
Mais
d’abord il fallait regarder Ready, Steady, Go! … malheureusement,
bien que meilleur qu’à l’habitude, le programme ne parvenait pas à
rendre sur l’écran de télévision l’ambiance extraordinaire du studio.
L’écran est bien trop petit pour Otis et son groupe !
Il
fit deux concerts à Tiles – un à 22h30 et un autre à 1 heure du
matin ! – les deux furent pleins à craquer (bien que je suspecte
beaucoup de personnes d’être restées après le premier pour voir le
deuxième).
J’arrivais
pour le second concert pour voir Otis et le groupe particulièrement
fatigués – mais réjoui de recevoir un accueil si chaleureux. Après avoir
dit bonjour à tous, je me faufilais au devant de la scène pour regarder…
Je
n’ai pas besoin de dire que ce fut fantastique… il joua ses titres
habituels notamment ceux que j’avais vus quelques heures auparavant à la
télévision dans Ready, Steady, Go!...
Après
le show tout le monde resta pour boire un coup et bavarder, le pauvre
Otis était entouré de journalistes et de photographes… Finalement, une
fois après avoir dit au revoir, chacun prit un chemin différent dans la
nuit.
Je
me pointais alors dans un petit club dans le coin – Knuckles –
pour un dernier verre avant de me coucher. Je tombais alors sur
Tom Jones qui avait eu la même idée
que moi, il avait aussi été voir Otis à Tiles… « Il est vraiment
fantastique !... il n’y a rien à y ajouter ! ».
Rien
à ajouter, sauf que j’approuvais complètement et de tout mon cœur.
Miranda Ward
voir la vidéo "My
Girl" sur YouTube
http://www.youtube.com/watch?v=0xBcpq2Dn3g