BEAT WAVE n°2 / mars à juin 1967
magazine édité par l'association des Disc Jockeys des radios
pirates anglaises
RADIO LONDON, RADIO CAROLINE...
"Otis Redding parle"
Printemps 1967, Angleterre,
Interview de Robin Allen (London)...
"Dis moi, Otis, qu'est-ce que tu penses des
minijupes?"
"Les minijupes c'est magnifique! Elles
sont si magnifiques. J'adore voire des filles porter des
minijupes, elles sont extraordinaires. Allez, les mecs, il faut qu'on
trouve des minipantalons pour montrer nos jambes, nous aussi!"
"Je suis d'accord, maintenant,
dis-nous, quel est ton groupe préféré?"
"Les Rolling Stones. J'adore les
Rolling Stones (dans un autre
article, il dira qu'il préfère les Beatles de loin...).
J'aime leur style et j'aime leur façon de chanter. J'aime leur
musique. J'aime leurs arrangements aussi, la façon dont ils arrangent
leurs chansons. Très bon groupe."
"Comment penses-tu que la musique qui
passe ici à la radio se compare à celle qui passe aux Etats-Unis, par
exemple avec les radios pirates, ou plutôt les radios offshore
(pour contourner les lois
nationales contraignantes en Europe, être plus libres mais aussi payer
moins de droits, des radio émettaient depuis des bateaux dans les eaux
internationales) par
exemple?"
"C'est vrai que nous n'avons pas de
radios pirates aux Etats-Unis. Mais les radios pirates ici sont
magnifiques. C'est vrai, mec, j'adore écouter les radios pirates.
Elles passent de la bonne musique, mais je dois convaincre les radios
pirates comme Radio Caroline de passer plus de soul music. Ils ne
passent pas mes disques."
"Otis, comment comparerais-tu la scène
pop ici avec la pop américaine? Est-ce qu'elle est à la hauteur?"
"Le public ici est beaucoup plus
réceptif qu'à la maison, parce que les Américains écoutent cette
musique depuis 40 ans et ils y sont habitués. Mais les foules ici, et
à Paris aussi, sont très réceptives. Elles... Oh mec... Elles en
deviennent carrément folles. J'en suis content. Je suis content
de les voir faire ça!"
"As-tu chanté dans un night club quand
tu étais ici, Otis?"
"Non, mais j'en ai visité
quelques-uns... Mais j'aime surtout m'asseoir, prendre le bus,
regarder la Ville de Londres. Je n'ai pas beaucoup de temps libre en
général, mais j'aime Londres. C'est une SUPER ville!"
"As-tu un message pour nos lecteurs?"
"J'aimerais dire au public anglais que
je suis très content qu'ils soient venus et qu'ils nous aient reçu de
cette manière. Moi et Sam and Dave et Eddie Floyd. Et je veux ajouter
à titre personnel et aussi pour tous les autres, que nous reviendrons
peut-être bientôt, j'espère peut-être en Septembre, voire même avant."
"Je suis sur que tu reviendras
bientôt, parce que tu as eu un grand succès ici... Donc tout ce que je
peux dire est "A bientôt, Otis Redding!""
Merci, Robin.
Traduction et commentaires Dror
- Juillet 2006
Encore des détails supplémentaires sur la
tournée européenne, donnés
par
Tom Dowd dans le
livre "The Record Producers" par
Stuart Grundy et
John Tobler, [London,
BBC Publications-St. Martin's], 1982:
(...) Et quand ils durent partir en Europe ce fut une expérience
hallucinante parce qu'ils allaient être éloignés de chez eux non pas
pour trois ou quatre jours mais pour cinq semaines, et ils allaient
manger toute cette nourriture bizarre et parler toutes ces langues
bizarres. C'est comme ça qu'ils se sentaient mais ils prirent l'avion et
ils furent désarmés par le fait que les
Beatles les attendaient à leur
descente d'avion. Les Beatles étaient si anxieux de les rencontrer et
quand ils arrivèrent à leurs hôtels, une réunion fut immédiatement
organisée, avec cocktails etc... et c'est comme s'ils étaient de nouveau
à la maison, ils étaient complètement désarmés et ils se retrouvaient
entre amis. Vous pouvez imaginer Steve Cropper
et George Harrison
en train de parler, c'était du pur amour, et c'est la meilleure chose
qui pouvait leur arriver.
La première nuit à Finsbury Park fut la première qu'on
enregistra et Atlantic était alors affilié avec Polydor, qui n'avait
aucun équipement alors on a utilisé l'équipement trois-pistes de Pye
(maison de
disque anglaise).
J'ai réussi à trouver l'équipement ce matin-là, j'ai couru dans le
théâtre, je l'ai mis en place dans l'après-midi, j'ai tout vérifié
pendant les répétitions et j'ai enregistré tout le concert depuis les
coulisses cette soirée-là. Ils ont joué lundi et mardi à Londres, puis
ils sont allés à Paris mercredi et ils ont fait un concert à l'Olympia
le jeudi, où j'utilisais l'équipement de Barclay, qui était un
quatre-pistes. Vendredi matin, c'était le matin du vendredi de Paques,
j'ai repris l'avion pour Londres avec les bandes magnétiques parisiennes
sous le bras (les autres étaient déjà dans les bureaux de Polydor à
Stratford Place). La maison de disque voulait que l'album sorte en
Europe pendant la tournée, et ils avaient eu l'excellente idée de
vouloir un album pour le marché anglais et un autre album pour le marché
français. Alors j'ai passé le vendredi de Paques, samedi, dimanche et le
lundi de Paques (je ne savais même pas que ça existait avant ce jour) à
Stratford Place, à mixer et à monter la version de Finsbury Park de
l'album pour les anglophones et puis à faire la même chose avec la
version française. J'ai fini les deux pendant le week-end, je les ai
masterisés le mardi et je suis rentré à la maison le mercredi. Et ce
sont ces deux versions qui sont sorties, une version française chez
Barclay en France et au Benelux et une version Polydor-Atlantic qui
parut ailleurs. L'une en trois-pistes et l'autre en quatre-pistes.
Traduction Dror
Octobre 1966
Otis
Redding est l'import
*
qui a attendu vingt ans avant d'être importé!
Même avant de commencer à chanter, Otis voulait "jeter un oeil en
Grande-Bretagne".
Notre
photographe Fi (probablement Fiona)
et moi, nous nous sommes précipités au Hilton à Londres pour le
rencontrer, à l'occasion de son premier voyage au Royaume-Uni, et nous
avons trouvé en lui un grand gaillard, de bonne humeur, avec le
sourire le plus irrésistible de ce côté de l'Atlantique.
Otis aime
tout en Grande-Bretagne. Le temps: "Aux Etats-Unis
on étouffe avec
plus de 30°C; c'est super d'être tranquillement au frais!". Et les
filles: "Elles sont adorables!".
La seule
chose qui lui manque est son ranch à Macon, Géorgie - il est tellement
occupé aux Etats-Unis. C'est pour cela qu'il lui a fallu vingt ans
pour arriver ici! - qu'il ne rentre en fait chez lui qu'une fois tous
les quinze jours.
Néanmoins, quand on sait que chez lui c'est 120 hectares, avec une
maison de trois étages, un lac de quatre hectares qu'il utilise pour
faire du ski nautique et pour pêcher, on peut comprendre que cela lui
manque!
Un film "Otis
à la Maison" a déjà été tourné, mais pour le moment il semble
qu'on ne le verra pas par ici. La raison pour laquelle cette maison
est si intéressante et vaut la peine d'être filmée est qu'elle est
construite sur un site appelé Sherman's March. C'était l'une des
positions sudistes dans la guerre civile américaine contre les
esclaves noirs. Alors n'est-ce pas ironique que cette terre
appartienne maintenant à un noir?
Avec tout
cela à la maison, il n'est pas étonnant que Otis n'ait pas eu le temps
de faire du tourisme par ici.
Il nous a
emmenés à la fenêtre de sa chambre d'hôtel, ouvert les rideaux et il a
dit: "Je peux facilement voir tout ce que je veux voir d'ici." Et
comme il était au vingt-sixième étage de l'hôtel, on a pu voir ce
qu'il voulait dire!
*
Au cas où ce ne serait pas évident, le terme anglais "import" provient
du
jargon des collectionneurs de disques et est utilisé en français
également. Il désigne un disque "importé". En effet, une maison de
disque d'un pays peut décider d'éditer une version différente dans un
pays et dans un autre. Dans ce cas, le collectionneur s'intéresse en
général aux différentes versions qui peuvent receler des titres
inédits, des versions inédites, voire simplement une photographie
différente sur la pochette! Le magazine anglais Fabulous 208 était
consacré à la musique et traitait, entre autres choses, du marché des
disques "imports", le plus souvent des Etats-Unis. Dans les années 60
la musique soul était mal distribuée en Europe et il était difficile,
avant l'ère internet, de se procurer les albums américains. Cet
article décrit une rencontre de ses journalistes avec Otis Redding, en
1966, à l'occasion de la première de ses deux tournées européennes...
Traduction et commentaires Dror -
Mai 2006
les articles
n'apportant aucune information nouvelle ne sont pas traduits en français
découvrir l'article original en anglais en cliquant sur l'image
Magazine DISC
du 17 août 1968
Jazz Beat / avril
1964
Thanks to Graham Ellwood for lending me this
article
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