Six des dix titres de l'album furent enregistrés avec Otis et Carla dans le 
  studio au même moment. Pour les quatre autres Otis accoucha de sa partie en 
  premier et Carla y ajouta la sienne quelques jours plus tard car tous les deux 
  avaient contracté des engagements pour des concerts à des moments différents 
  pendant les séances d'enregistrement. De ceux qui sont inclus ici, seul 
  
  
  NEW 
  YEAR'S RESOLUTION
  fut enregistré séparément.
  
  
  L'un des standards de tous les temps des groupes de bars, 
  
  
  KNOCK ON WOOD, 
  selon le coauteur Eddie Floyd, avait originellement été écrit pour Otis mais 
  avait été rejeté par Jim Stewart (bien que son partenaire dans l'écriture, 
  Steve Cropper, ne se souviens pas du tout de cette histoire). "Je le voulais 
  pour Otis Redding," raconte Floyd. ""Ce serait un bon titre pour Otis." Jim 
  Stewart dit "Non, je ne vois pas Otis Redding chantant cette chanson." Je dis 
  "Oh ! Si, mec ça serait un titre d'enfer pour lui." Mais il ne l'entendit pas 
  ainsi."
  
  
  Isaac Hayes écrivit le 
  pont et Al Jackson contribua avec l'idée de l'accroche de batterie après "You 
  gotta knock....
  
  
  [29]" 
  Floyd continue l'histoire "Il pensa à Steppin' Fetchit 
  
  [30] 
  
  
  et à Open The
  
  
  Door Richard
  
  
  
  
  [31],"... 
  Je dis "Peux-tu la faire sonner comme si tu frappais à la porte ?" 
  
  
  Il dit "Ouaip ! Boom boom boom boom On Wood 
  
  
  [32] 
   
   Ouaip ! Je l'ai.""
  
  
  La progression des accords est celle de MIDNIGHT HOUR de Wilson Pickett 
  (également écrite par Cropper et Floyd et enregistrée à Stax) mais à l'envers. 
  Otis et Carla adoptent un rythme frénétique comparé à celui du propre tube 
  d'août 1966 de Floyd, blitzkriegant la chanson de la même façon qu'Otis 
  avait déjà attaqué 
  
  SATISFACTION
  et 
  
  DAY TRIPPER.
  
  TRAMP 
   
  et 
   KNOCK ON WOOD entrèrent toutes les deux au hit-parade en 1967, pour 
  Otis et Carla.  
  
  Quand 
  TRAMP 
  sortit en single en Avril 1967, il atteint la 2ème place du 
  hit-parade R&B et la 26ème en pop. 
  
  KNOCK ON WOOD
  
  
  atteint à son tour les 8ème et 30ème places des hit 
  parades R&B et pop respectivement, en Septembre 1967.  Un troisième single, une reprise de la 2ème place du 
  hit-parade R'n'B de 1954 des Clovers, 
   LOVEY DOVEY, entrerait au 
  hit-parade à titre posthume en 1968, 
  et atteindra les 21ème et 60ème places respectivement. Otis et Carla réinterprètent aussi cette 
  chanson de façon dramatique, transformant une performance harmonique cadencée 
  pour groupe vocal en un duo brûlant emballé.
  
  
  La face 
  B de 
  
  LOVEY DOVEY, 
  
  NEW YEAR'S RESOLUTION, était une collaboration 
  interne à Stax entre Randall Catron, Mary Frierson (qui avait auparavant 
  enregistré trois singles en tant que Wendy Rene chez Stax en '64 et 
  '65) et Deanie Parker Catron (qui avait déjà enregistré deux singles 
  chez Volt en 1963 et '64 et, à ce moment là, était l'un des piliers du 
  personnel des bureaux de Stax). Carla et Otis semblent si proches sur cette 
  interprétation qu'il est difficile de croire qu'ils ont enregistré leurs 
  parties à des jours différents. Autant l'album original que le troisième 
  disque de cette anthologie 
  
  
  [33] 
  se termine avec une course sans fin, co-écrite par Al Bell et Otis, et 
  justement, même si de façon un peu ridicule, intitulée 
   OOH CARLA, OOH OTIS.
  
  
   
  
  
  Carla assure qu'il y avait un projet d'enregistrer un album de duos à chaque 
  Noël suivant. Effectivement, après la courte rafale de dates prises pour Otis, 
  début décembre 1967, s'il avait vécu, elle dit qu'ils allaient entrer en 
  studio pour enregistrer l'album suivant. Phil Walden ne s'en souvient pas mais 
  il dit en revanche qu'il y avait des allusions à un album de duo entre Otis et 
  Aretha Franklin !
  
  
   
  
  
  Otis avait discuté avec Walden d'un autre concept intéressant pour un album. 
  Il avait pensé à réenregistrer certains de ses anciens enregistrements, 
  réarrangés à l'envers. Les ballades seraient faites plus rapides et vice 
  versa. "C'était un concept incroyable qu'il avait. Sa version de 
  
  
  I'VE BEEN 
  LOVING YOU TOO LONG
  aurait pu être un morceau à vous botter le cul d'un 
  bout à l'autre. Une chanson comme 
  
  I CAN'T TURN YOU LOOSE
  aurait été une 
  merveilleuse ballade."
  
  
   
  
  
  Début 1967, le monde du rock fomentait quelque chose. Quelques mois 
  seulement nous séparaient de la sortie de SERGENT PEPPER et du premier 
  album des Doors, la mode psychédélique était solidement installée et nous 
  n'étions qu'à quelques semaines du premier single d'Aretha Franklin 
  pour Atlantic Records. Ce serait aussi la dernière année de la vie d'Otis 
  Redding mais, si jamais un artiste se retirerait sous les feux de la gloire, 
  ce serait Otis. La sortie de l'album KING AND QUEEN, de SWEET SOUL 
  MUSIC d'Arthur Conley, la tournée européenne de Stax/Volt, Monterey et 
  
  
  
  (SITTIN' ON) THE DOCK OF THE BAY
  étaient encore devant lui.
  
  
  Après le succès de 
  
  TRY A LITTLE TENDERNESS, l'apparition suivante 
  d'Otis dans le hit-parade fut en tant que producteur et auteur de la 2ème 
  place du hit-parade Pop et du carton R'n'B d'Arthur Conley, SWEET SOUL 
  MUSIC. Otis, en tant qu'entrepreneur, avait déjà été actif pendant deux 
  ans à cette date. Pendant l'été 1965, en partenariat avec Joe Galkin et Phil 
  et Alan Walden, il avait fondé une maison de production, Jotis Records, et son 
  bras éditeur, Redwal Music. Jotis ne dura que le temps de quatre productions, 
  deux par Arthur Conley et un chacun par Billy Young (rencontré à l'armée par 
  Phil Walden) et par Loretta Williams (une chanteuse du groupe de tournée 
  d'Otis). En 1966 Otis produisit deux autres singles par Conley, chez 
  Fame, avant de le transférer chez Atco et de cartonner avec SWEET SOUL 
  MUSIC. Basé sur YEAH MAN de Sam Cooke et avec une intro de 
  cuivres attribuée diversement à une publicité pour le café Maxwell House ou 
  pour les cigarettes Marlboro, SWEET SOUL MUSIC était une litanie 
  ingénieuse de louanges aux grands de la soul, qui prit immédiatement sa 
  place de standard du genre. Ce fut aussi une excellente manière de lancer ce 
  qui allait être la dernière année de la vie d'Otis.
  
  
   
  
  
  Quelques 
  mois après avoir enregistré KING AND QUEEN, Otis, Carla, Sam & Dave, 
  Eddie Floyd, Arthur Conley, Booker T. & The MG's et les cuivres des Mar-Keys 
  partirent pour l'Europe pour la tournée, aujourd'hui légendaire, de Stax/Volt. 
   
  
  
  
  Pour tous à l’exception de Otis, Sam & Dave c’était leur première traversée de 
  l’Atlantique.
  
  
  Arrangée et financée par l'Agence Phil Walden comme une vitrine pour Otis de 
  l'autre côté de l'océan, "Hit The Road Stax"
  
  
  
  
  [34]
  
  comme elle avait
 été surnommée affectueusement, joua devant des salles pleines 
  à craquer pour juste un peu moins de trente dates
  
  entre la mi-Mars et 
  le 9 Avril 1967 prenant le continent comme 
  un ouragan. 
  
  
  Phil Walden 
  affirme :  « C’était ma tournée. Je l’ai financée. Si j’avais été plus 
  au fait à l’époque, les disques auraient été mes disques. » C’est 
  d’ailleurs grâce à Walden qu’Arthur Conley, qui n’était pas un artiste Stax, 
  participa à cette tournée qui faillit s’appeler le « Otis Redding Show. » 
  Pendant cette tournée, Otis dormait dans de meilleurs hôtels que le reste du 
  groupe, ce qui causa une certaine perplexité chez ceux qui l’avaient connu à 
  ses débuts. Enfin, cette tournée fut également un modèle pour Walden qui 
  recommença en 1967 avec Arthur Conley, Sam & Dave et Percy Sledge.
  
   
  
  La plupart des 
  musiciens arrivèrent à Londres le lundi 13 Mars au matin. Redding était arrivé 
  depuis plusieurs jours pour donner des interviews, notamment à la télévision, 
  au Eamonn Andrews Show, et Sam Moore arriva le lundi soir. La tournée 
  commença officiellement le vendredi 17 Mars au soir, pour deux concerts au 
  Finsbury Park Astoria. 
  
  
  [34bis] Comme la plupart des autres salles, elle pouvait 
  accueillir entre deux et trois mille personnes. L’ingénieur d’Atlantic, Tom 
  Dowd avait été dépêché sur place pour les premiers spectacles et Frank Fenter, 
  de Polygram, suggera qu’il enregistre les spectacles du Finsbury Park. Pressé 
  par le temps, le mieux qu’il ait pu trouver comme matériel d’enregistrement 
  portable fut deux tables de mixage à trois pistes chacune. Il les utilisa avec 
  un délai de cinq minutes pour ne rien rater du spectacle au moment où il 
  aurait à changer les bobines. Avec seulement trois pistes, le mixage se fit en 
  direct. Il enregistra les deux spectacles au Finsbury Park ainsi que les deux 
  spectacles à l’Olympia de Paris le mardi suivant, le 21 Mars. A Paris, Dowd 
  avait réussi à se procurer deux tables de quatre pistes chacune.
  
   Le groupe procéda 
  ensuite, à raison d’une nuit par ville en Angleterre puis sur le continent, 
  Oslo, Stockholm, Copenhague, La Haye et retour à Londres pour un dernier 
  concert le 9 Avril.
  
  
  Le résultat net fut une percée massive en Europe, qui se traduisit 
  immédiatement par la nomination d'Otis comme le chanteur mâle numéro un de 
  l'année dans le sondage annuel de Melody Maker, remplaçant Elvis Presley qui 
  avait occupé cette place d'honneur les neuf années précédentes. 
  
  
  
  En Octobre, Stax allait être distribué en Europe par Polygram et la tournée 
  profita aux ventes des singles de l’époque : RAISE YOUR HAND de Eddie 
  Floyd, SOOTHE ME de Sam & Dave et DAY TRIPPER de Otis Redding.
  
  La réception 
  européenne tumultueuse est capturée sur quatre albums live 
  
  
  
  
  [35]
  
  qui sortirent en juillet 
    
  trois volumes de la tournée Stax/Volt 
  (The Stax/Volt 
  Revue Volume One Live in London ; The Stax/Volt Revue Volume Two Live in 
  Paris ; The Mar Keys and Booker T. and the MG’s Back to Back)
  
  
  et  
  OTIS
  
  REDDING LIVE IN EUROPE.  
  Deux semaines et 
  demi plus tard, Volt sortit une version live par Otis Redding du tube 
  de Sam Cooke SHAKE et, un mois plus tard sur Stax, la version live 
  par Sam & Dave de SOOTHE ME. Les deux 45 tours live atteignirent 
  la 16ème place du hit parade R&B et le milieu du hit-parade pop.
  
   Il peut sembler 
  étrange d’enregistrer les premières dates d’une tournée plutôt que le climax 
  final, quand toutes les erreurs ont été effacées et que le groupe fonctionne à 
  plein régime. Néanmoins, Carla Thomas ne pouvant rester en Europe qu’une 
  semaine à cause d’un engagement préalable à jouer à un concert de soutien au 
  mouvement pour les droits civiques de Chicago, il est probable que la décision 
  d’enregistrer les premiers spectacles provenait du désir de la voir figurer 
  sur les disques. Joe Arnold, parmi d’autres, prétend que les spectacles 
  ultérieurs furent bien meilleurs. Phil Walden aussi pense que les spectacles 
  ne cessaient de s’améliorer. D’après ses propres aveux, cela faisait longtemps 
  qu’il n’était plus un fan ; il assistait aux concerts plus par devoir. Mais 
  l’Europe fut une exception. " Chaque nuit était plus 
  excitante que la précédente. Il n’y avait jamais de climax. C’était de mieux 
  en mieux. Vous ne saviez pas comment ça pourrait être mieux que ce que c’était 
  déjà."
  
   Jim 
  Stewart, en revanche, préférait les enregistrements en studio. Phil Walden se 
  souvient d’un Stewart enragé surgissant dans la loge d’Otis après le premier 
  spectacle à Paris. " Il déboula dans la loge :
  "Otis, il faut que tu ralentisses les tempos et que tu 
  ralentisses tout de suite. Nous enregistrons et nous essayons de faire un 
  disque." Otis dit " Je suis ici, 
  je fais un putain de concert. Je fais des disques à Memphis, Tennessee. Ne me 
  parle pas de mes tempos. je suis là pour faire plaisir à ces gens. Ils se 
  foutent de ce disque qu’on est en train de faire et les tempos resteront comme 
  cela si on joue, parce que je suis là en train de faire un concert. C’est ma 
  carrière, là. " Jim répondit " 
  Tu es une putain de star ! " "
  
   La 
  première partie du spectacle comprenait, dans l’ordre, Booker T. and the MG’s, 
  les Mar-Keys, Arthur Conley et Carla Thomas. La seconde partie commençait à 
  nouveau avec les MG’s, suivis par Eddie Floyd, Sam & Dave et Otis Redding. 
  « Tous les soirs on était triste pour Otis » dit Wayne Jackson. « Sam & Dave 
  avaient emporté le public au paradis, aller-retour. Il fallait les traîner 
  pour les faire sortir de scène. Ils sautaient dans le public et faisaient 
  comme s’ils étaient devenus fous, puis sautaient sur scène et faisaient 
  semblant de s’évanouir. Ils remportaient Dave comme s’il était mort et puis 
  ils le ramenaient sur scène comme s’il avait ressuscité. Quand ils avaient 
  fini, il n’y avait plus de vernis sur le sol, tout était parti. Otis était là 
  dans un coin, en train de prier. » Eddie Floyd se souvient des publics 
  européens comparables à l’hystérie de celui de l’Apollo 
  
  [35 bis]. Pour Wayne 
  Jackson, c’était bien pire que ça. " Sam & Dave 
  laissaient une scène fumante, et quand Otis arrivait, il avait intérêt à être 
  en forme. Il fallait qu’il soit au mieux de sa forme. Le public avait la bave 
  aux lèvres quand Sam & Dave partaient, et quand Otis en avait fini avec eux 
  c’était le chaos total. Les gens pleuraient, grinçaient des dents, criaient, 
  sautait de bas en haut. Ils assiègaient la scène comme si c’était Elvis. Nous 
  avions des gardes sur cette tournée qui devaient empêcher les gens de monter 
  sur scène. C’est à dire traîner des femmes qui pleuraient, des gens qui 
  déchiraient leurs vêtements. C’était la première fois que je voyais ça en 
  personne. Ca faisait peur. Ils étaient fous, leurs yeux étaient écarquillés et 
  ils voulaient tellement entrer en contact avec Otis. Ils me seraient passés 
  dessus. Otis était halluciné. Il adorait ça. Bien sûr, il les encourageait, il 
  leur tendait la main. Il maîtrisait le spectacle."
  
   En 
  Ecosse, Otis fut traîné dans le public et la police et les gardes de la 
  sécurité durent aller à sa rescousse et le ramener sur scène. Chaque soir, il 
  délivrait un spectacle incendiaire. C’était un « nouvel » Otis, qui montrait 
  un niveau de confiance et de courage légèrement supérieur à celui de ses 
  sorties précédentes. Les disques sont la preuve qu’il apprécia le public 
  anglais, à Londres il alla même jusqu’à plaisanter qu’il était « heureux 
  d’être de retour à la maison », à dire de Londres qu’elle était
  " la meilleur ville du monde entier " 
  et à dédier MY GIRL (qui ne fut un succès qu’au Royaume Uni) au public 
  de l’Astoria. Les six chansons du spectacle nocturne de Redding étaient 
  fantastiques mais DAY TRIPPER, FA-FA-FA-FA-FA (SAD SONG) et 
  TRY A LITTLE TENDERNESS encore plus (les trois autres étant RESPECT,
  MY GIRL et SHAKE). Comme à son habitude, Otis redéfinit la 
  chanson des Beatles, alors que SAD SONG était l’occasion de faire 
  chanter le public, les MG’s, les Mar-Keys et Redding se fondant alchimiquement 
  en une seule entité.
  
   TRY 
  A LITTLE TENDERNESS 
  était le final de son spectacle et de la Stax/Volt Revue. Phil Walden se 
  souvient qu’il avait été suggéré que Redding termine avec WINCHESTER 
  CATHEDRAL de New Vaudeville Band 
  [35 ter]. " Ils l’ont 
  même travaillée " dit Walden en hochant la tête.
  " C’était horrible. Otis chantait " Westchester 
  Cathedral. " Je crois que c’est la chanson qui a le 
  moins de soul au monde... finalement le bons sens  eut raison de tous 
  et ils ne la jouèrent pas. » La version studio de TRY A LITTLE TENDERNESS 
  croît en intensité au fur et à mesure, en accélérant le tempo, la densité, le 
  volume et les machinations vocales quasi inhumaines de Redding. En concert, 
  tous ces éléments furent élevés à la puissance n, pendant plus de sept minutes 
  chaque soir la chanson se transmutait en rage bouillante, avec Redding qui 
  quittait la scène et qui revenait trois fois, augmentant la température à 
  chaque fois et testant la capacité cardiaque du groupe et du public à la fois. 
  A la fin, Otis était rejoint sur scène par Sam & Dave, Eddie Floyd, Arthur 
  Conley et Carla Thomas pour le final, le climax, la décharge nerveuse.
  
   La réaction en 
  Europe avait aussi aidé à préparer le terrain à la percée suivante d'Otis vers 
  le marché de la pop nord-américaine, au Festival International de Pop 
  de Monterey en juin. 
  Ce fut le premier 
  festival de rock important. Il dura trois jours et y participèrent des 
  artistes établis comme Simon & Garfunkel, les Byrds, les Who, Eric Burdon et 
  les Animals et Jefferson Airplane mais aussi un tremplin pour Jimi Hendrix, 
  pour Big Brother and the Holding Company avec Janis Joplin et pour Redding. 
  Les trois grands artistes noirs qui avaient été approchés pour participer au 
  festival étaient Hugh Masekala, Lou Rawls et Otis Redding. Comme Otis avait 
  prévu de se faire enlever des polypes dans la gorge, il avait dissout son 
  groupe de tournée. L’alternative logique pour l’accompagner était Booker T. 
  and the MG’s et les cuivres des Mar-Keys. Mais à ce moment la relation entre 
  Walden et Jim Stewart était si mauvaise qu’il demanda à Jerry Wexler d’appeler 
  Jim pour lui demander si l’orchestre de Stax pouvait s’absenter du studio et 
  prendre l’avion jusqu’en Californie pour accompagner Otis lors de son concert.
  
    Monterey fut un choc pour tous.  
  " 
  C’était un voyage dans 
  l’espace " s’exclame Walden. " C’était 
  juste quand la mode hippie démarrait. C’était paix, amour, lits d’eau. C’était 
  un choc culturel. J’avais vu un peu de tout ça, mais je n’avais pas encore vu 
  des gens fumer de la drogue ouvertement et prendre des acides. Je ne crois pas 
  que beaucoup de gens dans le monde aient jamais été aussi libres que ça. C’est 
  comme si une navette spatiale avait atterri pour quelques jours. "
  " Il y avait des hippies qui fumaient de l’herbe en 
  public " affirme Wayne Jackson. " C’était 
  une autre planète pour nous. A cette époque je croyais que si on fumait une 
  cigarette de marijuana, le lendemain on passait à l’héroïne et en prison deux 
  jours après avec le FBI. Vraiment. C’est ce qu’on avait appris quand on était 
  enfants. J’étais aussi naïf que ça à ce sujet. "
  
  
  Comme à tous les artistes qui jouèrent ce 
  week-end, on demanda à Otis de se produire gratuitement. Après vérification 
  auprès de  
  
  Jerry Wexler, Phil Walden décida que Monterey serait un événement 
  important et un possible tremplin vers le public émergent du rock'n'roll.
  " Monterey 
  fut comme un réveil-matin, " dit Booker,
  " parce que nous rentrions tout juste d’Europe et que 
  nous étions acceptés là bas. Nous n’avions jamais été acceptés par un public 
  blanc aux Etats-Unis. Monterey aurait pu être en Allemagne ou peut-être en 
  Hollande, mais c’était en Californie. C’était la première annonce d’un 
  changement culturel et musical aux Etats-Unis. Il y avait une nouvelle 
  sensation. Les policiers n’étaient pas là. Nous étions escortés au concert par 
  les Hell’s Angels. Ils nous protégeaient ! On pouvait entrer dans un restaurant 
  à Monterey et avoir un sandwich gratuit. Les hôtels s’ouvraient à tous. 
  C’était une sensation complètement différente. L’Histoire était en train de 
  changer à ce moment là et nous le savions. Je pense que cela affecta notre 
  façon de jouer ce soir là."
  
  
  
  
  Jerry Wexler et Otis Redding
  
  
  
  Les MGs et les cuivres des Mar-Keys derrière lui 
  
  (Wayne 
  Jackson et Andrew Love. Joe Arnold avait quitté Stax et, bien qu’on lui ait 
  demandé de venir à Monterey, il avait un engagement préalable),
  55000 en force devant lui, Monterey était le public le plus nombreux auquel Otis ait jamais dû faire 
  face.  
  Les 
  MG’s n’avaient pas joué avec Otis depuis la tournée européenne, deux mois 
  auparavant, et n’avaient eu qu’une heure et demi pour répéter acoustiquement 
  dans une chambre d’hôtel, sans clavier. Rencontrant la 
  contreculture pour la première fois, tout le monde était un peu nerveux.
  "Nous dans notre costume en mohair vert, " 
  rit  Duck Dunn, " et tout 
  le reste du monde en chemises à fleurs ! "
  " Certains étaient très sympas, " 
  ajoute Wayne Jackson. " Nous voici, énergiques et 
  faisant les pas de danse que nous avions préparés. Nous pensions que peut-être 
  nous détonnerions car nous étions si différents des autres. Mais le fait est 
  que nous avons conquis tout le monde. " Otis devait 
  finir la nuit de samedi, après Jefferson Airplane. 
  
  
  Wayne Jackson se souvient, catégorique, "Quand Otis entra, c'était fini.
  Fini. Fin de l'histoire pour tous ceux qui avaient joué jusqu'alors. La 
  foule devint complètement déjantée. Nous tremblions tout simplement, Andrew et 
  moi. Ils assiégeaient la scène, juste pour toucher Otis."  
  " La 
  sensation là bas était incroyable, " continue Steve 
  Cropper. " C’était indubitablement différent de 
  n’importe quel autre concert qu’on ait déjà fait. Il y avait quelque chose 
  dans l’air, en plus de la fumée. " " Le 
  public était de notre côté, " ajoute Booker.
  " Ce n’est pas  comme s’ils nous regardaient pour voir 
  ce qu’on allait jouer. Ils nous disaient " Nous sommes 
  avec vous ".  
  
  Otis parlait de 
  cette foule comme de "La Foule d'Amour" et c'est sûr qu'ils l'aimaient. Phil Walden avait vu juste. Avec une représentation impérieuse, l'Amérique blanche 
  commença à s'éveiller à la puissance et à la majesté d'Otis Redding. Monterey 
  fut l'événement le plus cataclysmique d'une incroyable année pour Otis.
  Il 
  aida aussi Booker T. and the MG’s. Après leur triomphe, ils furent invités 
  régulièrement sur le circuit des festivals. Ils furent même invités à 
  Woodstock mais n’allèrent pas plus loin que New-York car Al Jackson refusa 
  d’être transporté au festival en hélicoptère, le seul moyen pour s’y rendre.
  
  
   
  
  
  Les 
  joyaux les plus rares de THE OTIS REDDING STORY sont rassemblés ici. 
  
  
  STAY IN SCHOOL
  fut enregistré pour faire partie de l'album Stax  A-11 
  (uniquement promotionnel),  
  
  
  il fut pressé à quatre mille exemplaires) aussi appelé STAY IN 
  
SCHOOL, enregistré 
  pendant la première moitié de 1967 et envoyé 
  
  
  en Août par le ministère du travail
  
  aux bibliothèques des lycées à 
  travers les Etats-Unis,  
  
  
  aux disc-jokeys et aux radios, à l’appel du ministre Willard Wirtz. La plupart des artistes majeurs de Stax, dont Carla 
  Thomas, Eddie Floyd, William Bell, Sam & Dave et les Mar-Keys, contribuèrent 
  par une courte apparition parlée, encourageant les enfants à continuer leur 
  éducation. Typiquement, Otis alla plus loin, en improvisant une courte chanson 
  sur le coup, s'accompagnant à la guitare acoustique et y ajoutant les cuivres 
  des Mar-Keys plus tard. STAY IN SCHOOL communique merveilleusement la 
  personnalité d'Otis, particulièrement quand il entre dans son mode de routine 
  de "disque rayé" à la fin du morceau, répétant "when they get there if they 
  make it 
  
  
  
  
  [36]" 
  trois fois. Il n'avait jamais été disponible auparavant pour le grand public 
  sur un album commercial.
  
  
  Le 
  morceau suivant est l'ultra-mystérieux 
  
  YOU LEFT THE WATER RUNNING
  qui, 
  à l'origine, apparut comme un single pirate, de Baton Rouge, Louisiane, 
  en 1977. Depuis ce moment il y eut de nombreux et brûlants débats sur quand, 
  comment et pourquoi il fut vraiment enregistré. Phil Walden clarifie pour la 
  première fois qu'il fut interprété en automne 1966 au studio Fame de Rick 
  Hall, à Muscle Shoals, Alabama, comme une démo 
  
  
  
  [37] 
  destinée à allécher Wilson Pickett pour qu'il l'enregistre. "Nous avons fait 
  ça tard, une nuit, alors que Wilson Pickett allait venir pour une séance. 
  C'était une chanson qui sonnait assez ordinaire et Rick dit à Otis "Est-ce que 
  tu ferais ça pour moi en pensant à la façon dont tu la présenterais à Pickett 
  ?" Hall fit la batterie sur une boite, Phil Walden joua du tambourin, Otis 
  joua de la guitare acoustique et doubla deux parties vocales. Le reste fut 
  ajouté à une date ultérieure. Pickett finit par l'enregistrer pour son album
  WICKED PICKETT mais cette édition marque la première fois que la 
  version d'Otis est légitimement disponible.
 
  
  
   
 
  
  
  Les quatorze titres restant de cette anthologie proviennent d'une monumentale 
  fête de trois semaines, fin novembre - début décembre 1967, juste avant la 
  mort d'Otis. Otis avait toujours été prolifique mais l'abondance de matériel 
  enregistré pendant cette période est tout simplement phénoménale. Elle s'avéra 
  suffisante à remplir quatre albums posthumes plus les deux faces d'un 
  single de Noël. Cropper commente cette explosion d'énergie inédite : "Il 
  n'y avait qu'une seule raison et c'était parce qu'il venait d'avoir une 
  opération de la gorge. Il chantait mieux qu'il ne l'avait jamais fait de sa 
  vie, c'était évident. Alors nous avons décidé de réécouter les choses qu'il 
  avait enregistrées sur un quatre-pistes. Celles sur lesquelles il ne sonnait 
  pas si bien, on les a réenregistrées ; des choses qui ne seraient jamais 
  sorties. Certaines avaient plus d'un an."
  
  
  Otis avait eu des polypes enlevées de sa gorge et il n'avait pas pu parler 
  plus qu'un murmure pendant six semaines. Evidemment anxieux de l'état de sa 
  voix, après la guérison il fut absolument ravi du résultat. L'affirmation de 
  Cropper valait son pesant d'or  Otis n'avait jamais mieux chanté.
  Un 
  bon nombre des chansons enregistrées par Otis lors de cette session 
  extraordinaire le fut au milieu de la nuit par ceux que Steve Cropper avait 
  baptisés « Les Enregistreurs de Minuit. » Cropper et le nouvel ingénieur 
  Ronnie Capone aimaient bien boire du JB et de l’eau
  
  [37 bis]. D’après Capone, Otis arrivait après 
  dîner avec une grande bouteille de JB et les trois restaient jusqu’à point 
  d’heure, Capone à la batterie, Cropper à la guitare ou parfois à la basse 
  et/ou aux claviers, et Otis au chant et à la guitare acoustique. Le lendemain, 
  le batteur des Bar-Kays, Carl Cunningham, réenregistrait la batterie pour 
  améliorer la performance rudimentaire de Capone, et les différents membres des 
  MG’s et des Mar-Keys réenregistraient leurs parties. C’étaient des moments 
  heureux et créatifs pour tous ceux qui étaient impliqués.
  
  
  THE HAPPY 
  SONG (DUM-DUM-DE-DE-DE-DUM-DUM)
  
  
  
  
  [38], 
  une réponse évidente à la précédente
   FA-FA-FA-FA-FA (SAD SONG)
   
  
  
  [39] 
  est la preuve écrasante de l'enchantement d'Otis à chanter à nouveau. Depuis 
  l'ouverture florissante de cuivres jusqu'au rire d'Otis quand il chante "You 
  ought to see my baby's face / She just grins, grins, grins" 
  
  
  [40]
  le morceau transmet une joie effervescente. Otis et sa femme Zelma ont 
  co-écrit sa première ballade en 6/8 depuis des lustres, 
   I'VE GOT DREAMS TO 
  REMEMBER.  Rythmée sombrement et chantée avec émotion, c'est le premier 
  enregistrement depuis  MARY'S LITTLE LAMB qui comporte des choeurs. Ici 
  et sur  LOOK AT THAT GIRL, les choeurs furent ajoutés après la mort 
  d'Otis. Il est tout à fait possible qu'il ait délibérément laissé de l'espace 
  pour eux dans la partie vocale dominante, explication pas si tirée par les 
  cheveux que ça si l'on se souvient qu'il avait envisagé avec Cropper de faire 
  appel aux Staple Singers pour faire les choeurs sur  
  (SITTIN' ON) THE DOCK 
  OF THE BAY. (Une autre possibilité, bien sûr, serait qu'il ait laissé 
  l'espace pour une partie de cuivres.)
  
  
   
  
  
  Allen Jones (producteur chez Stax chargé des Bar-Kays des derniers temps), Al 
  Bell et Otis ont co-écrit 
  
  HARD TO HANDLE. La performance est un bijou 
  avec Otis, Al Jackson et les cuivres des Mar-Keys à leur meilleur niveau, 
  soutenus par la basse sautillante de Dunn et une partie staccato au 
  piano. 
  
  HARD TO HANDLE
  fut publiée en single en juin 1968 avec 
  
  
  AMEN
  sur l'autre face. Otis avait déjà interprété cette dernière en 
  concert depuis quelques temps, comme un long gospel étiré, mais sa 
  version enregistrée est assez différente, émanant de la même source que  
  
  TRY 
  A
  
  
  
  LITTLE TENDERNESS, l'album AT THE COPA de Sam Cooke. Cette 
  version est en fait un medley de deux standards du gospel, THIS 
  LITTLE LIGHT OF MINE et AMEN. Cooke avait utilisé le premier nom, 
  Otis le second. Les arrangements sont identiques, bien que, encore une fois, 
  Otis éclipse l'originale par son intensité et son émotion. La performance est 
  celle d'un homme en paix, en harmonie avec sa musique, sa famille et son 
  monde.
  
  
   
  
  
  Les quatre chansons que nous venons de discuter entrèrent toutes comme 
  singles au hit-parade en 1968 dans les douze mois qui ont suivi la mort 
  d'Otis. Avec 
  
  CHAMPAGNE AND WINE, ils furent rassemblés sur THE 
  IMMORTAL OTIS REDDING, album publié le 14 juin 1968. 
  
  
  CHAMPAGNE AND WINE
  fut le résultat des efforts conjugués de Phil Walden et de son frère Alan, 
  d'Otis et de Roy Lee Johnson (Johnson avait auparavant écrit MR. MOONLIGHT 
  qui avait été repris par les Beatles). La chanson se réfère à une relation que 
  Phil entretenait avec une femme qui allait finalement devenir sa femme. 
  Pendant la période de ces deux semaines où tout ceci fut enregistré, Booker T. 
  & The MG's durent brièvement s'absenter pour un concert. Otis continua à 
  enregistrer, fignolant toutes les parties rythmiques d'un certain nombre de 
  morceaux, dont 
  
  CHAMPAGNE AND WINE. Après sa mort d'autres parties 
  furent ajoutées mais sur cette chanson on peut toujours entendre, au second 
  plan, son jeu de guitare acoustique. Si Otis avait vécu, le disque que vous 
  entendez maintenant serait simplement resté une démo et la partie au 
  second plan aurait été réenregistrée. Néanmoins, la combinaison entre la voix 
  d'Otis et les petites touches de guitare et de piano pourraient tout 
  simplement faire fondre un glacier.
  
  
   
  
  DIRECT ME, 
  LOVE MAN, 
  FREE ME 
  et 
  LOOK AT THAT GIRL proviennent toutes de 
  l'album 
  LOVE
 
  MAN sorti le 20 juin 1969. Les parties de guitare et de 
  basse de la première rappellent le son "swamp" 
  
  
  [41] 
  que l'on peut entendre à l'époque sur de nombreux morceaux de disques de 
  soul et de pop d'Alabama et de Géorgie. 
   LOVE MAN est tout 
  simplement une fanfaronnade rock de plus, quoique assez dure, qui 
  penche un peu du côté macho. Otis se régale apparemment et il en avale presque 
  la phrase "I want to make sure everything's alright 'cause, 'cause, 'cause, 
  'cause, 'cause, 'cause I'm a love man" 
  
  
  
  [42] 
  pendant que tous
  
  les instruments font une pause.
  
   
   FREE ME
  
  est la 
  dernière ballade en 6/8, suppliante et plaintive de ce set alors que 
  LOOK AT THAT GIRL et un rock énergique et plein de joie, 
  originellement enregistré par les McCoys. Ici, il est construit autour d'un 
  jeu d'appels et de réponses à quatre voix, avec Otis qui annonce les pas de 
  danse au milieu. Cela sonne comme si tous les participants ne s'étaient jamais 
  autant amusés de leur vie.
  
  
   
  
  Les deux 
  faces du single de Noël d'Otis avaient déjà été enregistrées par les 
  MG's sur leur album 
  
   IN THE CHRISTMAS SPIRIT, sorti en automne '67. 
  
   
  MERRY CHRISTMAS BABY est la chanson R'n'B de Noël par excellence. 
  Enregistrée à l'origine, à la fin des années 40, comme une ballade, par le 
  coauteur Johnny Moore et ses Three Blazers, avec Charles Brown au chant, les 
  MG's l'interprétèrent comme un blues déprimant. Otis accélère le tempo, 
  irradiant de joie frénétique pour cette saison. Les grelots et l'orgue au son 
  bizarre forment le décor tandis que la guitare légèrement assourdie de Cropper 
  fait ressortir chaque phrase d'Otis et des cuivres. 
  
  Le clou est le break "Santa came down the chimney half past three y'all 
  / Left all them good ole presents from my baby here for me / Ha ha ha.[43]" 
  Comme d'habitude Otis change légèrement les mots, pour les mettre dans le 
  jargon noir du sud. L'homme était vraiment plus grand que la vie et ici, sur 
  le plus sublime des disques de Noël, tous styles confondus, toutes années 
  confondues.
  
  
   
  
  
  Les MG's 
  avaient enregistré
  
  
  WHITE CHRISTMAS
  avec une tonalité latine
  
  
  
  
  [44]. 
  Entre les mains d'Otis elle devient une ballade strictement soul et 
  chaque phrase vocale devient une déclaration chargée d'émotion. Notez la 
  répétition d'un mot sur trois ou quatre dans les quelques premières phrases. 
  Eclipsée à sa sortie par MERRY CHRISTMAS BABY, avec le temps elle prend 
  sa place au premier rang, grâce à la subtile et modeste beauté de cette 
  interprétation.
  
  
   
  
  MATCH GAME 
  et 
   TELL THE TRUTH proviennent de l'album 
   TELL THE TRUTH sorti le 
  1er juillet 1970, le dernier album produit à partir de matériau de studio 
  d'Otis. La première, coécrite par 
  
David Porter, est un exemple de l'une de ces 
  chansons originellement enregistrées en 1966, maintenant avec une nouvelle 
  partie vocale fraîchement chantée et ajoutée pendant les quelques dernières 
  semaines de la vie d'Otis. La chanson comporte une image surprenante et 
  inhabituelle (Porter fumait à la chaîne à cette époque 
  
  
  [45]), 
  un piano brillant et un break sauvage de cuivres. 
   TELL THE TRUTH 
  fut écrit par Lowman Pauling des Five Royales (la première influence de Steve 
  Cropper) et enregistré originellement en 1958. C'est une interprétation vocale 
  d'Otis basée sur le blues et particulièrement émouvante. Ecoutez comment il 
  entre comme un rouleau compresseur après l'intro cymbale charleston 
  / cuivres / basse / batterie, comment il prononce "Mama" avec émotion, comment 
  il grogne "Uuh" juste avant la fin et son phrasé de bègue sur "Lit-lit-lit-lit-little 
  girl
  
  [46]." 
  Toute l'interprétation s'appuie sur un sérieux arrière-plan instrumental et un 
  rare solo de sax ténor par Andrew Love.
  
  
   
  
  
  Il est, d'une certaine façon, approprié que la dernière chanson qu'Otis 
  enregistrerait jamais soit 
  
  (SITTIN ON) THE DOCK OF THE BAY. Diffusée le 
  8 janvier 1968, ce serait une bouleversante coda à la carrière d'Otis, 
  esthétiquement et commercialement, se vendant à un million d'exemplaires, N° 1 
  aux hit-parades R'n'B et Pop en Amérique du Nord et tout autour du monde. 
  DOCK OF THE BAY entrera dans l'histoire, avec d'autres morceaux comme 
  
  
  
  RESPECT 
  
  d'Aretha Franklin et SOUL MAN de Sam & Dave, comme les 
  pierres angulaires d'un genre musical qui aura asservi le monde durant presque 
  toutes les années 60.
  
  
   
  
  La chanson 
  avait été écrite plusieurs mois avant, sur la côte Ouest,
   
  en 
  été lorsqu’il habitait sur un bateau à Sausalito après le festival de Monterey, 
  
  et représentait un 
  changement dramatique de direction pour Otis. Jim Stewart se souvient de la 
  première fois qu'il l'a entendue : "Pour moi, 
  
   DOCK OF THE BAY, quand je 
  l'ai entendue la première fois, n'était pas du tout aussi puissante que 
  
   I'VE 
  BEEN LOVING YOU TOO LONG. Bien sûr c'était un différent type de disque 
  pour Otis. 
  
  J'ai toujours vu Otis comme 
  
  PAIN IN MY HEART,  
  
  I'VE BEEN LOVING
  
  
  
  YOU 
  TOO LONG, et 
  
  
  TRY A LITTLE TENDERNESS."
  
  
   
  
  
  Phil Walden se souvient : "La plupart des gens avaient des doutes à son sujet. 
  C'était un changement drastique. En l'écoutant aujourd'hui, a posteriori, ca 
  n'est pas tant [un changement] mais pour ce temps là, il se pouvait que cela 
  ait pu être un petit peu trop pop."  
  "Nous 
  avons envisagé, " se souvient Steve Cropper,
  " de la rendre plus soul, plus R&B en demandant aux 
  Staple Singers de faire les choeurs dessus. " Otis est 
  mort avant que l’idée ait pu prendre forme. Mais un an plus tard Cropper 
  produisit une version de la chanson interprétée par les Staple Singers sur 
  leur premier album pour Stax, SOUL FOLK IN ACTION.
  
  
  La chanson démontre amplement la 
  nouvelle importance pour Otis que revêtaient les paroles, ainsi que le disait Walden ci dessus. Ironiquement, néanmoins,  
  
  Cropper
  se souvient qu'Otis avait 
  loupé la fin. "Pour 
  
  DOCK OF THE BAY
  nous avions mis au point ce petit
  rap de fin qu'il allait faire, un truc ad-lib. Il oublia ce 
  qu'il devait faire alors il se mit à siffler."
 
  
  
  
 Steve 
  Cropper
 
  
  DOCK OF 
  THE BAY 
  fut enregistré  
  
  le 22 novembre
  [46 bis]. Par un curieux 
  hasard, se souvient Barbara McCoy des Charmells, le dernier jour 
  d’enregistrement, le 7 décembre, tous ceux qui étaient reliés de près ou de 
  loin avec Stax s’étaient donné rendez-vous au studio, terminant dans le bureau 
  de David Porter, buvant le vin de Cherry Kijoga et mangeant du poulet. Ce 
  serait la dernière fois que tout ce monde verrait Otis vivant. Le soir, Otis 
  avait chanté avec les Bar-Kays à l’Hippodrome, un club sur Beale Street
  [46 ter] qui appartenait à 
  Jim Stewart, Al Bell et Al Jackson. Depuis quelques mois, il utilisait le 
  groupe comme groupe de tournée. C’était une décision pragmatique puisqu’il 
  avait dissout son groupe avant de se faire opérer des polypes. Les Bar-Kays 
  était un groupe déjà constitué, qui ne demandait qu’à travailler, qui était 
  prêt et qui, avec un tube en poche, ajoutait de la valeur aux concerts
  
  [46 quater]. Otis aimait particulièrement le 
  jeu de batterie de Carl Cunningham, émerveillé de la manière dont il imitait 
  presque parfaitement le jeu d’Al Jackson.
   L'après midi du 8 décembre, Otis et les Bar-Kays s'envolèrent pour Nashville pour le premier de trois concerts du 
  week-end. Le samedi ils continuèrent leur voyage jusqu'à Cleveland, 
  apparaissant l'après midi à l'émission de télé Upbeat de Don Webster (Otis fit 
  un duo avec Mitch Ryder sur KNOCK ON WOOD) et plus tard ce soir là ils 
  jouèrent la deuxième des dates du week-end,  
  
  
  au Leo’s Casino.
  Le matin du 10 décembre Otis 
  appela sa femme Zelma vers huit heures et demi. Elle dit à Peter Guralnick "Il 
  était déprimé par quelque chose. Je m'en souviens très bien et il parla au 
  petit Otis qui avait tout juste trois ans... il dit qu'il m'appellerait quand 
  il arriverait à Madison." Ce dernier appel n'aboutit jamais puisque Otis et 
  tous les membres originels des Bar-Kays, sauf deux, moururent quand le 
  Beechcraft à moteurs jumeaux plongea dans le Lac Monona, juste à trois 
  minutes de sa destination, Madison, Wisconsin. 
  
  Le 
  bassiste des Bar-Kays, James Alexander, qui n’était pas dans l’avion (l’avion 
  d’Otis était trop petit et deux personnes devaient prendre un vol commercial) 
  et le trompettiste Ben Cauley, ironiquement le seul qui ne savait pas nager et 
  qui ne portait pas sa ceinture de sécurité, survécurent à l’accident. Cauley 
  était endormi avec ses bras autour du coussin de son siège. Quand l’avion 
  pénétra dans l’eau, il fut éjecté par un trou dans le fuselage avec ses bras 
  toujours autour du coussin qui était aussi, bien entendu, une bouée de 
  sauvetage. Alors qu’il flottait dans l’eau, il pouvait entendre ses amis et 
  collègues appelant à l’aide jusqu’à ce que, un par un, les cris cessèrent.
  Il est d'une grande ironie que 
  trois ans auparavant jour pour jour, le 10 décembre 1964, Sam Cooke, l'idole 
  d'Otis, était assassiné par une arme à feu dans un motel de L.A. 
  
  
  [47]
 
  
  
   
 
  
  
  Les 
  funérailles d'Otis furent un événement somptueux qui se déroula à l'auditorium 
  de Macon City où son corps était couché depuis 6h30 du matin. Dès le début de 
  l'office de midi, une foule de 4500 personnes se bousculait dans l'espace des 
  3000 sièges, y compris un virtuel who's who
   
  
  
  
  [48] 
  du monde de la soul.  
  Joe Simon et 
  Johnnie Taylor furent les porteurs du 
  cercueil, le premier chantant JESUS KEEP ME NEAR THE CROSS et le second
  GOD IS STANDING BY, accompagnés par Booker T. à l'orgue. Jerry Wexler 
  fit le panégyrique, terminant par cette observation lapidaire "Le respect est 
  quelque chose qu'Otis avait atteint pour lui-même comme assez peu de personnes 
  le font. Otis avait chanté "Respect when I come home 
  
  
  
  [49]" 
  et Otis est rentré à la maison."
  
  
  Dans une saison de Noël 1967 incroyablement douloureuse, il resta à Steve 
  Cropper et au reste du personnel de Stax la charge de rassembler les morceaux 
  et de finir le disque. 
  
  On peut entendre la 
  première version où Otis imite les mouettes sur un CD d’inédits sorti en 1992 
  (REMEMBER ME sur Fantasy ou IT’S NOT SENTIMENTAL sur Ace). 
  Inspiré par cette première version, Cropper alla à Pepper-Tanner, un studio 
  d’enregistrement local (qui eût même brièvement son propre label : Pepper 
  Records) pour emprunter un album d’effets sonores. Il fit une boucle avec le 
  bruit des vagues et une autre boucle avec celui des mouettes et il les mixa 
  sur deux pistes. Pour la version finale, il mixa ces deux pistes et les quatre 
  pistes musicales de façon qui lui semblait appropriée.
  
  
  Au moins l'une des versions envoyées de Memphis aux 
  bureaux d'Atlantic à New York fut rejetée car, de l'opinion de Jerry Wexler, 
  Otis était trop en arrière dans le mixage (d'après Phil Walden, quelqu'un 
  avait eu la main un peu lourde dans cette première version avec les bruits 
  d'oiseaux et de vagues).
  
  
  Le contentieux par rapport au mixage a toujours été un désaccord profond entre 
  Wexler, Stewart et Cropper. Le son Stax, dans l'idée des deux derniers, traite 
  les chanteurs comme une partie de la section rythmique, pas au-dessus d'elle. 
  
  Wexler hausse les épaules :
  " Un 
  jour Jim s’énerva avec moi. Il dit « Toi, tu as tes oreilles de New-York et 
  nous, nous avons nos oreilles de Memphis. Nous entendons différemment. Je dis
  " D’accord, mais c’est comme ça que j’entends. " 
  Il a toujours eu gain de cause, sauf cette fois ci. J’ai refusé de sortir 
  DOCK OF THE BAY en l’état. Je l’ai renvoyé et je leur ai fait refaire. 
  C’est le seul sur lequel je me suis obstiné. Otis était mort. En cas de 
  conflit c’est toujours l’artiste qui gagne avec moi, toujours. "
  
  
  Peu importe, pour 
  
  DOCK OF THE BAY, la dernière version mixée est un 
  bijou. Rien dans les origines d'Otis, même éloignées, ne laisse présager la 
  possibilité d'une telle chanson. Cropper se surpasse, décorant la voix d'Otis 
  de traits chatoyants. Tous les autres se retiennent, comme s'ils ne voulaient 
  pas déranger pendant ce moment magique. Indubitablement, Otis n'a jamais sonné 
  aussi bien.
  
  Jusqu’à sa mort, Otis 
  était l’artiste principal de Stax. Son succès auprès du public noir procura 
  vingt et un singles dans le hit-parade R&B en à peine plus de quatre 
  ans et demi de son vivant et dix de plus dans les deux ans qui suivirent sa 
  mort. Durant la dernière année de sa vie, il avait aussi commencé à 
  sérieusement conquérir le public pop via la tournée Stax/Volt en Europe en 
  mars et avril, un concert époustouflant au Festival pop de Monterey en juin 
  et, finalement, avec (SITTIN’ ON) THE DOCK OF THE BAY dans les derniers 
  jours de sa vie. La mort de Redding, de plusieurs façons, signale la fin d’une 
  ère. « Le jour où Otis Redding est mort » se souvient Jim Stewart, « cela 
  emporta une grande partie de moi. Je ne suis jamais redevenu la même personne. 
  Stax n’est jamais redevenue la même après cela. Quelque chose nous avait été 
  enlevé et n’a jamais été remplacé. Cet homme était l’inspiration personnifiée. 
  Il avait cet effet sur tout le monde autour de lui. » « Il était une personne 
  magnifique » répond Steve Cropper. « Il entrait dans une pièce et tout 
  s’éclairait, comme quand Elvis rentrait. La seule différence était la couleur. 
  C’était incroyable. » Les commentaires de Jim et de Steve parlent d’eux-mêmes. 
  La plupart des gens à Stax à ce moment avaient les mêmes sentiments. D’une 
  façon intangible, Otis Redding était devenu le coeur et l’âme de Stax. Sa mort 
  a laissé un vide qui ne pouvait tout simplement pas être comblé.
  
  
  S'il avait vécu, le futur d'Otis était probablement illimité. Avec son 
  humilité caractéristique, Otis avait dit à Walden à plusieurs reprises qu'il 
  avait été extrêmement chanceux, qu'il aurait pu finir puisatier. "Il avait dit 
  "Mec, je vis la belle vie. Nous sommes vraiment chanceux d'avoir tout ceci. Il 
  faut que je travaille d'enfer et que je sois réaliste. Il faut que j'essaye de 
  mettre de côté tout ce que je peux parce qu'il y aura un moment où je n'aurais 
  pas ce succès." Il ne voulait pas être un objet de nostalgie. Il avait compris 
  la nécessité de mûrir et à quel point l'industrie du disque pouvait être 
  compétitive, combien il était difficile d'atteindre le niveau auquel il était 
  et combien c'était exceptionnel que nous puissions développer à la fois un 
  public blanc et un public noir sans se trahir."
  
  
  
  
  C'est facile d'inventer et d'exagérer ce qui aurait pu se passer si Otis avait 
  été vivant après la sortie de 
  
  DOCK OF THE BAY. Je préfère penser à un 
  homme qui avait atteint encore un autre plateau d'une carrière déjà impétueuse 
  et illustre. Dieu merci nous avons ces enregistrements pour en garder 
  précieusement le souvenir.
  
   
  
  
  Texte de 
  
  Rob Bowman 
  
  [50], 
  Journaliste et Musicologue  - 1986.
  Traduction et notes de 
  Dror,  Sept-Oct 2002
   
  
  © 
  les photos des 4 pages Otis 
  Redding Story sont Copyright: STAX SITE - JP MARTIN - STEVE CROPPER SITE - 
  MARK PUCCI - MICHAEL OCHS ARCHIVES - STAX-VOLT/FANTASY,inc + archives 
  JPP-PRODUCT
  
   
  
   
  
  
   
  
  (29) 
  "Tu dois 
  frapper..."
  
  
  (30)
  Steppin' Fetchit fut un célèbre héros noir 
  américain (1902-1985), caricatural et humoristique, des années 30
  
  
  (31)
  "Ouvre la porte Richard", une chanson rendue 
  célèbre par la version truculente de Louis Jordan en 1947, où il use déjà de 
  l'astuce des coups de batterie pour imiter quelqu'un qui frappe à la porte
  
  
  (32) 
  "Sur du bois"
  
  
  (33) 
  Du coffret 4 vinyles (c'est la chanson 4 du 3ème CD)
  
  
  (34) 
  "Prends La Route Stax", mais c'est aussi une variante du célèbre titre de 
  chanson "Hit The Road Jack"
  
  
  
  (34 bis)
  Pour information, le Finsbury Park Astoria est une salle de 
  concert historique. Située dans un quartier populaire, ouvrier du nord de 
  Londres (232-236 Seven Sisters Road, Finsbury Park, c'est le quartier de 
  l'équipe de foot d'Arsenal), cette salle a souvent changé de nom (Astoria, 
  Odeon, Rainbow...), de propriétaire et de fonction (salle de concert, de 
  cinéma, de bingo, de danse, église...). Outre Otis Redding, elle a accueilli 
  des concerts célèbres des Beatles, Jimi Hendrix, David Bowie, Stevie Wonder, 
  Eric Clapton, Pink Floyd, Bob Marley et même, plus 
  récemment Blur et Oasis. Son intérieur est magnifique et elle peut accueillir 
  2800 personnes assises. Aujourd'hui, c'est une église mais c'est aussi une 
  salle de conférences empruntée parfois par les imams islamistes de Londres...
  
  
  
  (35) 
  En direct et en public
  
  
  
  
  (35 
  bis) 
  Bien sûr, le fameux 
  théâtre Apollo à Harlem, New-York
  
  
  (35 
  ter) 
  The New 
  Vaudeville Band est un groupe qui ne connut quasiment qu’un seul succès, 
  WINCHESTER CATHEDRAL en 1966, dans un style qui parodiait à la fois le jazz 
  des années 20 et le style anglais.
  
  (36)
  
  "Quand ils y arriveront s'ils y 
  arrivent"
  
  
  (37) 
  Une version de démonstration, une maquette, un brouillon
  
  
  
  
  (37 
  bis) 
  J & B : marque très 
  populaire de whisky
  
  (38) 
  La chanson joyeuse (dum-dum-de-de-de-dum-dum)
  
  
  (39) 
  Fa-fa-fa-fa-fa (chanson triste)
  
  
  (40) 
  "Vous devriez voir la tête que fait mon bébé / Elle rit, elle rit, elle rit"
  
  
  (41) 
  "Des marécages"
  
  
  (42) 
  "Je veux être sûr que tout va bien passque, passque, passque, passque, 
  passque, passque je suis un homme d'amour"
  
  
  (43)
  
  "Père Noël descendit par la 
  cheminée à trois heures et demi, vous tous ["y'all" est typiquement du 
  sud des Etats-Unis] / Laissa tous ces bons vieux cadeaux de mon bébé ici pour 
  moi / Ha ha ha"
  
  
  (44) 
  D'Amérique Latine
  
  
  (45) 
  L'image repose sur le double sens de MATCH GAME qui veut dire "Le Jeu 
  du Couple" ou "Le Jeu de l'Allumette" (match, en plus de signifier 
  "allumette", est le substantif de to match qui signifie "assortir". 
  A perfect match est un couple parfaitement apparié. Match maker 
  peut être une agence matrimoniale). La chanson est truffée de phrases à 
  double-sens amour-allumette, du style "You strike me and I'll be the flame", 
  soit "gratte moi et je serai la flamme".
  
  
  (46) 
  "Jeu-jeu-jeu-jeu-jeune fille"
  
  
  
  
  
  (46 bis) 
  Dans le texte de la pochette, Rob Bowman écrit à tort que l’enregistrement se 
  fait les 6 et 7 décembre. En fait c’est l’un des premiers morceaux enregistré 
  lors de cette longue session, dès l’après-midi du 22 novembre.
  
  
  
  
  
  (46 ter) 
  Beale street est la rue la plus célèbre de Memphis. Dans ses bars, c’est l’un 
  des lieux de naissance du blues, du rock’n’roll et de la soul...
  
  
  
  
  
  (46 quater)
   Le 
  premier et, à l’époque, seul tube des Bar-Kays était l’immense succès 
  instrumental SOUL FINGER
  
  
  (47)
  Los Angeles
  
  
  (48)
  Le who's who est un bottin mondain publié 
  aux Etats-Unis mais aussi en France, on pourrait aussi dire le Gotha
  
  
  (49) 
  "Du respect quand je rentre à la maison"
  
  
  (50)  Rob 
  Bowman est aussi professeur d'ethnomusicologie à l'université de York au 
  Canada, l'auteur de "Soulsville U.S.A.: The Story of Stax Records" (New York: 
  Prentice-Hall, 1997), un spécialiste de la Soul et de 
  la maison Stax donc, mais aussi d'autres musiques et d'autres groupes comme 
  The Band, par exemple. Pour le coffret de "The Otis Redding Story", il a été 
  nominé pour la réédition historique de l'année 1988 aux fameux Grammy Awards. 
  Il a été nominé 5 fois à ces Grammy Awards et l'a obtenu une fois pour le 
  meilleur texte de pochette de l'année 1995, pour un autre coffret Stax. 
  
  
 
  