BLUES & SOUL

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BLUES & SOUL
MONTHLY MUSIC REVIEW

 

    

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BLUES & SOUL n° 17, mars 1969 et n° 25, janvier 1970

 

article du n° 25, janvier 1970
traduction
Patrick Montier

 

 

Earl Simms est un gars sympa. C'est le manager des tournées d'Arthur Conley et il est venu avec lui pour sa tournée au Royaume Uni et en Europe à la fin de l'année dernière. C'était la première fois qu'Earl se déplaçait à l'extérieur des Etats-Unis et il a été plutôt impressionné par les anglais.

Le nom de Simms vous dit peut-être quelque chose. Ce n'est pas étonnant car Earl est un compositeur prolifique et a co-écrit beaucoup de succès récents d'Arthur Conley tels que "Aunt Dora Loves Soul Shack", "Run On" et beaucoup d'autres.

 


Earl Simms, Arthur Conley, Alan Walden   (c) Alan Walden

 

Le roi Otis

 

Avant de devenir le manager d' Arthur, Earl a été celui du roi Otis et aussi son bras droit. C'est vraiment grâce à un coup de chance qu'il est encore en vie aujourd'hui.  Otis et Earl étaient comme des frères et se séparaient rarement. Cependant, en cette sombre nuit de décembre 1967, quand Otis et son orchestre de scène, les Bar-Kays, voulurent revenir dans leur avion privé d'un spectacle dans le Wisconsin, Earl était chez lui, malade. La famille de Simms fut informée de la tragédie par un voisin et Earl se leva aussitôt et s'habilla, puis se précipita au bureau de Phil Walden, de l'autre côté de la ville, pour savoir ce qui s'était passé.

 

En transe

 

Tout le monde au bureau  était complètement hébété, se souvient Earl. Les gens tournaient en rond, comme en transe, refusant d'admettre ce qui était arrivé. On me confirma finalement qu'Otis était mort et je revins à la maison totalement en état de choc. Je n'ai pas mangé pendant au moins deux jours et le fait que je sois malade était devenu tout à coup secondaire. Ca ne paraissait tout simplement pas crédible. La nouvelle frappa Macon, notre ville natale, très durement. C'était juste 2 semaines avant Noël mais la ville ne s'en remit pas à temps. Ce fut un Noël très calme et très paisible.

Je ne savais tout simplement plus ou j'en étais et je pris un emploi dans une usine. Je ne mis pas longtemps à réaliser que je n'étais pas fait pour trimer à longueur de journée, sans récompenses, je veux dire pas financières mais spirituelles. Aussi, je retournais avec Arthur dont je pense sincèrement qu'il aura un jour un aussi fort potentiel que le grand Otis, s'il fait ce qu'il faut pour.

Otis a été responsable de la découverte de tant de talents, rappelle Earl. Bien sûr, il y a Arthur puis il y a eu cette jeune femme de Mobile, Alabama. Comment s'appelle t'elle déjà... Ah oui, Loretta Williams. Elle ne fait plus rien aujourd'hui. Et puis il y a Billy Young qui a eu un succès sur le label Jotis : "The Sloopy". Il chante toujours bien qu'il ne soit plus avec notre agence.

 

              

 

Armée de l'air

 

L'intérêt d'Earl pour le monde du spectacle est né pendant qu'il était dans l'armée de l'air. Puis il forma un groupe, dénommé The Premiers, qui ne marcha pas tellement mais qui donna à Earl le goût du spectacle. Il fit la connaissance de compatriotes Géorgiens comme Little Richard que sa femme avait connu à l'école et James Brown qui vivaient l'un comme l'autre à Atlanta à l'époque. Earl se souvient que la première prestation importante des Premiers fut d'accompagner Jimmy Reed pour une soirée au Peacock Club à Atlanta. Néanmoins, le groupe se sépara et Earl tenta sa chance dans ou deux autres groupes comme chanteur avant de rejoindre le groupe d'Otis Redding, bien avant qu'il soit connu en dehors de l'Etat de Géorgie. Otis dû être hospitalisé quelques semaines et laissa Earl s'occuper de tout pendant ce temps là. Earl assura la partie vocale en même temps que celle de valet, de comptable et de manager.

 

 

Disques à succès

 

Au retour d'Otis, Earl s'appliqua à manager Otis pendant les tournées et la popularité de son patron s'accrut. Le travail d'Earl devint plus dur ; le groupe passa de 8 à 18 membres en quelques mois et Loretta fut engagée comme chanteuse ; les disques à succès commencèrent à apparaître, ainsi que les tournées à l'étranger, bien qu'Earl préférait rester à la maison pendant ces courts intermèdes. Earl se souvient qu'Otis donnait fréquemment un coup de main quand il était submergé de travail : " Je n'avais pas vraiment l'impression de travailler pour lui car il avait une attitude si merveilleuse dans la vie. Il se pointait simplement et me donnait un coup de main, quelque soit ce que j'étais en train de faire et tout paraissait redevenir sous contrôle. 

Je crois beaucoup à la vie après la mort et je pense sincèrement qu'Otis continue d'aider les autres. C'est tout un état d'esprit. Je sens qu'il est toujours avec moi de temps en temps. J'ai l'impression que je pourrais tendre la main et le toucher. Et Arthur ressent la même impression, aussi, je ne pense pas que ce soit seulement un effet de l'imagination".

 

Dispersion

 

Je me souviens du moment ou les tournées avec tout l'orchestre sont devenues une charge trop lourde pour nous tous et Otis dispersa son orchestre de 18 musiciens. Il accepta cela calmement et engagea aussitôt un plus petit groupe, les Bar-Kays. Mais il n'y eu aucun heurt, aucune panique. C'était juste quelque chose de normal qu'il fallait faire. Et il a laissé une famille merveilleuse derrière lui. Sa femme est restée en contact avec nous et il a trois beaux enfants, Karla, Dexter et Otis Junior. Dexter joue déjà de la guitare et chante et semble pouvoir suivre les pas de son père.

Earl doit aussi beaucoup à Otis car il estime que son goût de l'écriture vient de l'aide qu'il a reçu d'Otis au départ. C'était vraiment un grand bonhomme.

 

traduction Patrick Montier

 

 

 

Blues & Soul n° 18, avril 1968  "Arthur Conley Pays homage at the tomb of Otis Redding"

 

 

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