PORRETTA 2013

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Porretta Sweet Soul Music festival
 
par Dror




 

 




Les vidéos là:
http://www.youtube.com/user/lepidatv/videos



Vendredi 19 juillet 2013

A Porretta, on ne vient pas que pour la musique ou les artistes, mais aussi
pour l'ambiance à la fois bon-enfant, théâtrale et érudite, les artistes qu'on
croise au restaurant, les concerts où l'on va et l'on vient sans se préoccuper
de rater un quart d'heure par ci ou par là. Et aussi parce que ce festival se
situe admirablement bien pour des vacances culturelles et gustatives (cette
année pour moi, Orvieto, Perugia, Arezzo, Assisi...).

Le groupe d'accompagnement a encore changé, et il est inégal. Dirigé par Paul
Brown, excellent à l'orgue, et complètement excité, il comprend aussi un bon
guitariste, Lou Rodriguez, et une section rythmique assez moyenne et qui manque
de répétition (à la batterie, Sofia Goodman est minimaliste le premier soir,
mais elle prendra de l'assurance de jour en jour...). 3 cuivres et 3 choristes
complètent un groupe efficace mais sans grande personnalité.

3 artistes très différents se succèderont cette première soirée. D'abord Toni
Green qui revient pour la 4ème fois (61 ans cette année, elle les porte bien,
mais elle semble aussi fatiguer assez vite) et elle a pris de l'assurance qui
se traduit aussi par un répertoire qui s'éloigne des habituelles reprises
d'Otis Redding. Trop presque, car elle cabotine, se met à genoux, pleure, fait
durer les chansons, reprend son souffle, exige et attend une serviette, sort
changer de robe ( 15 minutes au milieu d'un show de 45 minutes ) etc. La
présence nombreuse et visible d'un fan club ( qui a fait tirer des T-shirts "To
Toni With Love", 14 lettres, 14 T-shirts imprimés avec chacun une lettre, voir
à la 28ème minute de la vidéo ci-dessous ) du troisième âge ( la blague est de
Rick Hutton ), n'aide pas les chevilles de la dame à désenfler. Ironie de la
situation, alors que l'une des choristes s'appelle Jackie Wilson, elle termine
son set par deux reprises de l'autre Jackie Wilson, Lonely Teardrops et Higher
and Higher.

http://www.youtube.com/watch?v=wDOzl8ZoQt8

Mitty Collier ouvre le sien avec une version gospel de For Once in my Life, de
Stevie Wonder (qui n'est malheureusement pas sur la vidéo ci- dessous). Elle
est en pleine forme, mais assez vite le set devient très ennuyeux et je pars
me désaltérer. Dans l'entrée du parc, à côté des habituels T-shirts et CDs du
festival, depuis 19h Bobby Rush en personne vend (et dédicace) ses CDs, rejoint
par Toni Green et son fan club, et des membres de l'église de Mitty Collier
qui font de même. C'est, comme toujours, trop tard à mon goût (1h05 dans la
vidéo ci-dessous) que démarre le set de l'artiste le plus important, Latimore,
au chant et au clavier (qui imite souvent un son de guitare). Assez en forme
aussi, il délivre le meilleur set de la soirée et peut- être de la semaine,
avec des compositions originales, bluesy et sexy, terminé par Let's Straighten
it Out, et de deux reprises de Ray Charles moins bien interprétées.

http://www.youtube.com/watch?v=9ekjUtiHAjw

1h du mat, fin de soirée à la pizzeria La Veranda, comme d'habitude, avec
traduction du menu pour Bobby Rush et ses danseuses.



Samedi 20 juillet 2013

Début sur les chapeaux de roue avec les excellents japonais de Osaka Monorail,
gros succès pour leur jeu de scène, surtout pour ceux qui les voient pour la
première fois.

http://www.youtube.com/watch?v=XcWvLfw04j0

Ensuite le groupe de Paul Brown revient et Rick se joint à eux pour un hommage
à Bobby Blue Bland (Turn On Your Love Light). David Hudson arrive (25' dans la
vidéo ci-dessous), pour un set de reprises très équilibrées et parfaitement
chantées (Who's Making Love, That's the Way I Feel About Cha, For the Good
Time...) et une demande en mariage à sa fiancée en direct chaudement applaudie
(56ème minute dans la vidéo ci-dessous, et sa future femme m'a certifié qu'il
ne faisait pas ça à chaque concert!).

http://www.youtube.com/watch?v=4Jq2f3AHGpg

Ensuite un set ennuyeux de Charlie Wood (parfait pour aller boire un coup) et
un set prévisible de Falisa Janayé (je ne serai pas trop sévère parce que je
n'ai pas tout vu et qu'elle a été largement applaudie, mais je crois que
c'était l'habituel set de reprises de chansons soul de femmes, Aretha Franklin,
Jean Knight, Linda Lyndell...).

http://www.youtube.com/watch?v=-Az30h7q_NI

Final avec le set très attendu de Bobby Rush, et petite déception prévisible:
l'apparition des danseuses (pas sur la vidéo ci-dessous) a conduit tout le
public à se mettre debout pour ne filmer qu'elles, au détriment de la musique.
Pourtant il y avait de beaux moments de Bobby Rush très bluesy et très
dépouillé (à partir de 22' sur la vidéo ci-dessous), seul à l'harmonica, ou
avec Lou Rodriguez à la guitare, voire seul à la guitare. A ce propos, le
groupe a bien assuré devant les nombreux changements de rythme de dernière
minute de Bobby. Mention spéciale à Sofia Goodman à la batterie, bien plus à
l'aise samedi que vendredi. Ambiance au rendez-vous, Toni Green approuve
bruyamment dans le public, et un Bobby Rush en forme malgré ses 80 ans ou
presque, mais il serait probablement préférable de le voir en petit club.

http://www.youtube.com/watch?v=E14o8TVDR-Q



Dimanche 21 juillet 2013

Déjeuner bien arrosé à La Pace, avec les Suisses habituels et quelques nouveaux
dont Barbara, quelques Français (Jean-Claude, Christophe...), plein d'Italiens,
mais surtout la plupart des artistes et leurs conjoints, Latimore, Bobby Rush,
David Hudson, Falisa Janayé, Paul Brown, Toni Green (accueillie comme une reine
et qui verse encore une larme!)... C'est ça aussi Porretta, la proximité avec
les artistes... Et à la fin, les Italiens prennent la guitare pour chanter !

http://www.youtube.com/watch?v=-tTKyfRVO5Y
http://www.youtube.com/watch?v=10N6aGAY5Hs

La fabrication (je dis ça sans aucune méchanceté) du "mythe Toni Green",
accueillie comme si elle était Michèle Obama, Madonna ou Aretha Franklin est
assez fascinante. Elle est maintenant devenue "The Queen of Porretta", un
personnage qu'elle incarne très bien, mais qui la dépasse parfois! Même si ça
ne dure que 3 jours et que c'est dans un obscur village italien, ça doit lui
faire plaisir! Et elle fait ça parce qu'on le lui demande: ça parait
indispensable à un événement tel que le festival de Porretta d'avoir des stars,
un cérémonial, des rires, des larmes, des robes, des paillettes, des
applaudissements, une reine du carnaval, réelle ou, en cas de besoin,
fabriquée! Le fan club qui s'est créé autour d'elle est principalement composé
d'Italiens et de Jean-Claude, qui est peut-être le plus dévoué mais qui est
loin d'être le plus excité. Le fan-club se confond quasiment avec le "Zocolo
Duro", le "Noyau Dur" des fans du festival de la première heure.

Dans le même genre, Rick Hutton, le présentateur, est aussi devenu une star de
Porretta et des T-shirts ont aussi été édités, portant ses tirades les plus
célèbres: Buena Sera Porretta, Facciamo Un Grande Applauso, et surtout son
célèbre One More Time, ou plutot "Uan mor taim"...

http://www.youtube.com/watch?v=iJnMBZLGZUE
http://www.youtube.com/watch?v=jxjfCz7Q0eY
http://www.youtube.com/watch?v=YZHeynxqSjU

Dernière soirée à Porretta, ces fameuses soirées interminables, 5h de soul non
stop, après déjà deux longues soirées et deux courtes nuits, il est parfois
difficile de rester enthousiaste tout au long de la soirée... Du coup, on
n'est pas encore "chauds" quand Charles Walker et les Dynamites, un des seuls
groupes de la soirée à ne pas encore s'être produit cette semaine à Porretta,
ouvrent le bal, et Charles Walker, quoique assez bon, n'a pas un énorme
charisme. Belle version de I Love You More Than You Will Ever Know (à 30' sur
la vidéo ci- dessous).

http://www.youtube.com/watch?v=UR4rb28Q4Vk

Toujours pas hyper chauds quand débarque le "International Soul Caravan", pas
très soul, même rejoints par un Sax Gordon démonstratif.

http://www.youtube.com/watch?v=Nq5Z0MyGBik

Ensuite reviennent les Japonais de Osaka Monorail qui ont la délicatesse de ne
jouer presque aucun des morceaux qu'ils avaient joué la veille. Gros succès
pour leur jeu de scène, même si la deuxième fois, ça s'émousse déjà un peu.
Sans doute attirés par la rumeur, Bobby Rush et ses danseuses viennent sur le
bord de la scène pour voir ce groupe qui imite si bien le son et les
chorégraphies des années 1960.

http://www.youtube.com/watch?v=bfQeI_DdXq0

Et puis revient le groupe de Paul Brown qui nous ressort les mêmes morceaux en
introduction (Cigarettes and Coffee, Memphis Train, 3 fois en 3 jours...),
puis qui accompagne, pour 2 chansons chacun, Charlie Wood, Falisa Janayé et,
enfin, du sérieux, à partir de 44' dans la vidéo ci-dessous, un set resser
impeccable de David Hudson (cette fois ci il verse une larme et c'est sa
(future) femme qui le rejoint sur scène, un set ressérré aussi et donc plus
supportable de Mitty Collier (un peu exagéré et longuet dans la séquence
prosélyte, mais j'y reviendrai).

http://www.youtube.com/watch?v=Q50iUDkPg_0

Un set trop court mais fantastique de Latimore, avec Something About Cha et
une version de Let's Straighten It Out un peu longue parce que rejoint par
Bobby Rush à l'harmonica et par David Hudson aux choeurs, grand moment
d'émotion pour moi (ce n'était peut-être pas la meilleure édition du festival
de Porretta, mais ces 20 minutes m'ont donné la chair de poule). Pour en
ajouter sur le statut de star de Toni Green, elle passe après Latimore... et
verse quelques larmes de plus. Bobby Rush enfin, avec là aussi un set ressérré,
pas de guitare, les danseuses un peu plus sobres, et 3 morceaux, Tight Money,
She's 19 Years Old et Shake Rattle and Roll, entrecoupés de quelques solos
d'harmonicas ou de duos avec le guitariste.

Arrive le moment du final (à partir de 1h15 dans la vidéo ci-dessous), et j'en
profite pour signaler que contrairement à certaines éditions précédentes, le
choix des morceaux chantés tout au long de ce week-end s'est éloigné des
grands classiques d'Otis Redding. Idem pour le final où c'est d'abord l'hymne
de Porretta (composé par Charlie Wood) qui est utilisé, où chaque chanteur
doit chanter une strophe. Mal répété, c'est une catastrophe. Puis vient "Sweet
Soul Music" et là c'est beaucoup mieux puisque chacun connaît les paroles,
mais ça reste "attendu". Puis arrive le tour de Mitty Collier qui, comme
prévu, au lieu de chanter la gloire de Wilson Pickett, Otis Redding ou James
Brown, décide de chanter celle de dieu. OK, pourquoi pas. Puis elle invite son
compère Calvin Bridges qui s'enflamme et chante plus fort que tout le monde
pour forcer tout le monde à entonner "Praise Him", dans un véritable hold-up,
en donnant des leçons à tout le monde, dans le public, sur scène... ça en
devient pénible. Mais petit à petit, les chanteurs sur scène se prennent au
jeu du gospel (tous ou presque, à leur façon, sont croyants) et improvisent, à
partir de 1h30 dans la vidéo ci-dessous, un petit couplet à leur manière sur
le thème religieux, d'abord Latimore, puis Bobby Rush, David Hudson, Toni
Green, et ça finit par donner une fin assez sympathique, à près de 2h du
mat...

http://www.youtube.com/watch?v=2KHfO0TcWIk

Arrivederci Porretta!

Dror
 


Une semaine avant, Gregory Porter au festival Umbria Jazz, assis dans un beau
théatre de Perugia, beaucoup plus jazz:
http://www.youtube.com/watch?v=E2yu-wDSOro
http://www.youtube.com/watch?v=-H5sC62VLco

 

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