TRY A LITTLE TENDERNESS (09.1966)

Même lorsqu'il n'est pas l'auteur des chansons qu'il interprète (comme on l'a vu avec Satisfaction), Otis impose sa déconcertante autorité. Cette composition n'a rien de récent en 1966 puisque ce vieux cheval de bataille, co-signé en 1932 par trois vétérans de Broadway, a réussi aussi bien à la chanteuse Ruth Etting qu'à l'orchestre de Ted Lewis lors de sa création, puis par la suite à des crooners comme Franck Sinatra et Bing Crosby. Otis l'a découverte dans un album live de son héros, Sam Cooke. Comme Cooke ne chante que les deux premiers couplets de Tenderness sur son disque, Otis n'en connaît pas d'autres, ce qui ne l'empêche pas d'insuffler une nouvelle vie à ce standard. Le résultat est proprement bouleversant, et Redding obtient pendant l'hiver 66-67 son plus grand succès depuis I've Been Loving You Too Long. Quant à Jim Stewart, patron de Stax, il a toujours considéré Tenderness comme sa chanson préférée, et l'aboutissement absolu du talent d'Otis.

FA, FA, FA, FA, FA, (Sad Song) (08.1966)

Après Satisfaction et My Lover's Prayer, l'année 1966 se poursuit dans la fièvre pour Otis Redding qui voit son destin s'affirmer chaque jour davantage. En dépit de son sous-titre, Fa Fa Fa Fa (Sad Song) n'a rien d'une complainte, apportant une nouvelle preuve de l'originalité d'un auteur-compositeur-interprète qui n'hésite pas à  bousculer les traditions. Le titre de cette chanson, co-signée par Steve Cropper, fait référence à l'habitude d'Otis de fredonner les mélodies qu'il met au point. En studio, il se contente généralement de donner aux musiciens le tempo et de chantonner la ligne des cuivres. Cette étape est essentielle dans sa démarche créative, les cuivres prenant la place habituellement réservée aux choeurs, comme il l'a souvent vu faire dans les églises de son enfance lorsque les fidèles répondaient aux exhortations du prédicateur. Très méticuleux dans les arrangements de ses enregistrements, Otis contribuera plus que quiconque à donner au son Stax la richesse cuivrée qu'on lui connaît, et qui reste attachée aux plus beaux moment de la musique soul.

TRAMP - OTIS REDDING & CARLA THOMAS (01.1967)

En 1966, Carla Thomas vit en partie à Washington où elle poursuit ses études universitaires. De retour à Memphis chez ses parents, à Noël, elle en profite pour faire une visite au studio Stax où elle enregistre un album avec Otis Redding. Il a fallu toute la puissance de conviction de Jim Stewart pour que le projet aboutisse malgré les hésitations des deux intéressés: "C'est vrai que j'appréhendais un peu cette séance, mais Otis a été très sympa et tout s'est bien déroulé", confirme Carla. Pour ouvrir le feu, Otis a sélectionné lui-même une composition du chanteur et guitariste de blues Lowell Fulson qui passe à ce moment-là sur les radios noires. Lorsque la version d'Otis et Carla est sortie, Fulson n'a été que modérément satisfait, jugeant que le duo ne rendait pas véritablement hommage à sa chanson; comme Fulson a été détrôné sur les charts par Redding et Thomas, on peut penser que sa réaction était en partie dictée par l'amertume.

SHAKE (03.1967)

Otis n'a jamais caché sa fascination pour le talent de Sam Cooke, l'un des pères de la soul music. Au printemps 1967, de passage en Europe au sein d'une tournée Stax, il a tenu à interpréter sur scène Shake, emprunté à Cooke. Le concert de Londres a été enregistré, et cette version live est retenue pour le 45-tours de Redding publié dès son retour en Amérique, lui donnant son troisième best-seller de l'année, et le 19e de sa carrière.

SATISFACTION (07.1965)

À la demande d'Atlantic qui assure la distribution des disques Stax-Volt, la compagnie de Memphis souhaite que son chanteur le plus prometteur enregistre un album. C'est d'ailleurs l'ingénieur du son en chef d'Atlantic, Tom Dowd, qui est lui-même venu installer un nouveau magnétophone quatre pistes, pour l'occasion. Au cours d'une pause pendant laquelle Otis s'absente, les musiciens tentent de trouver de nouveaux titres susceptibles d'élargir l'auditoire du chanteur, et le guitariste Steve Cropper pense à Satisfaction, des Rolling Stones, qui a été un énorme best-seller pendant l'été 1965. Cropper va chercher un exemplaire du 45-tours dans le magasin de disques qui jouxte le studio, et il a tout juste fini de noter les paroles lorsque Redding revient. Celui-ci n'avait jamais entendu la chanson, ce qui illustre bien le fossé qui existe à l'époque entre la communauté noire et le grand public américain; cette fraîcheur explique en partie l'originalité de son interprétation. Publié le 15 février 1966, Satisfaction entre un mois plus tard sur les charts pour devenir n°4 R&B et n°31 Pop.

PAIN IN MY HEART (09.1963)

Le tout premier 45-tours Volt d'Otis Redding, These Arms Of Mine, ayant mis plusieurs mois à faire une timide apparition sur les hit-parades, le jeune chanteur de Macon ne retourne en studio que tardivement. Une séance a lieu à la fin du printemps 1963, lui permettant de conforter sa position grâce à That's What My Heart Needs. Pour le 45-tours suivant, Otis choisit d'interpréter Pain In My Heart, une ballade signée Allen Toussaint qui définit parfaitement son style, avec un accompagnement fourni de cuivres, la guitare insidieuse de Steve Cropper, et la façon bien particulière dont le chanteur traduit avec sa voix toute la palette des sentiments amoureux. Par un hasard malheureux, la chanson entre dans les classements R&B de Billboard la semaine qui précède leur suppression, et Pain In My Heart sera condamné à une carrière plus difficile sur les hit-parades Pop, obtenant tout de même une honorable 61e place. Ce succès suffira néanmoins à convaincre ses producteurs que Redding n'est pas une simple étoile filante.

(Sittin'On) THE DOCK OF THE BAY (01.1968)

Cette chanson, indissociable du nom d'Otis Redding, a été publiée de manière posthume. Otis attendait encore le titre qui devait concrétiser son génie lorsqu'il a disparu dans les eaux du lac Monona en décembre 1967. Le 22 novembre, il se trouve dans les studios Stax à Memphis où il veut mettre en boîte son prochain 45-tours, une chanson dont l'idée lui est venue sur les quais de Sausalito en Californie, au moment de son passage au festival Pop de Monterey le printemps précédent. Les dirigeants de Stax sont persuadés que Redding ne transcendera pas la barrière symbolique qui sépare la culture américaine de masse de celle, beaucoup plus limitée commercialement, de la communauté noire qu'à la condition de faire évoluer son répertoire, et ils l'incitent à s'exprimer dans un registre plus proche des préoccupations de la jeunesse blanche en optant pour une couleur musicale plus folk. C'est ce qu'Otis choisit de faire lorsqu'il met au point Dock Of The Bay, avec le guitariste et producteur Steve Cropper. Comme à son habitude, Redding met toute son énergie dans son travail, passant des heures harassantes à enregistrer version après version de sa nouvelle chanson, en attendant patiemment d'atteindre la perfection. On le sait, il n'aura jamais l'occasion d'assister à son triomphe, mais Dock Of The Bay a réussi à faire entrer son nom pour la première fois dans le Top Ten américain, s'installant simultanément à la première place des charts Pop et R&B au printemps 1968.

THESE ARMS OF MINE (10.1962)

Le succès d'Otis Redding ne s'est pas fait en un jour. Présent en studio lorsque son leader, Johnny Jenkins, effectue ses débuts chez Stax, Redding en profite pour enregistrer These Arms Of Mine et Hey Hey Baby, publiés sur le 45-tours "Volt 103" au mois d'octobre 1962. Avec son rythme 6/8 immédiatement reconnaissable, These Arms Of Mine est le prototype de ces ballades qui réussiront si bien par la suite à Otis. Dans un premier temps, il faudra toute l'opiniâtreté de John R. , un disc-jockey de la station de radio WLAC à Nashville, pour que ce titre fasse une entrée timide sur les charts au printemps 1963, six mois après sa sortie !

SECURITY (01.1964)

Pour son cinquième 45-tours sur le label Volt - sous marque de Stax - Otis Redding poursuit son lent parcours avec la compagnie de Memphis. Jusqu'alors, aucun de ses disques n'a véritablement fait parler de lui, Pain In My Heart à la fin de 1963 étant jusqu'alors son plus grand succès avec une maigre 61e place sur le Hot 100. Cela ne l'empêche pas de continuer ses explorations personnelles en studio, comme le montre Security, composé par le chanteur lui même. Pour la première fois, on trouve sur l'un de ses enregistrements ces ponctuations de cuivres qui deviendront bientôt sa marque de fabrique. Mais il est sans doute trop tôt et seuls les observateurs les plus attentifs prêtent une oreille à ce titre qui ne fait qu'une incursion d'une semaine sur les charts ; seul le temps lui accordera le statut de chef-d'oeuvre.

I'VE BEEN LOVING YOU TOO LONG ( 04.1965)

Ce grand classique - écrit par Otis en collaboration avec le chanteur soul Jerry Butler dans une chambre d'hôtel de la ville de Buffalo dans l'état de New York où les deux hommes étaient en tournée - sera le principal titre de gloire de Redding jusqu'à la sortie de Dock Of The Bay trois ans plus tard. Vendu à plusieurs centaines de milliers d'exemplaires, ne ratant la première marche des charts R&B que d'une place, Loving You a considérablement conforté la position de Stax sur le marché du disque en donnant à la soul l'un de ses hymnes les plus poignants, repris par la suite par Ike & Tina Turner.

I'VE GOT DREAMS TO REMEMBER (11.1967)

Au printemps 1968, Stax met un terme à son partenariat avec Atlantic, au moment où le label new-yorkais est racheté par Warner Records. Atlantic conserve toutefois les droits sur les enregistrements inédits de Redding, et ses dirigeants profitent du succès de Dock Of The Bay pour publier un premier album composé d'inédits, intitulé The Immortal Otis Redding. On y retrouve notamment cette composition bouleversante, co-signée par Otis et sa femme zelma, qui devient un best-seller à l'automne dans sa version 45-tours ; c'est la première fois qu'un disque d'Otis sort sous le label Atco (une sous-marque d'Atlantic), mais c'est loin d'être la dernière.

MERRY CHRISTMAS BABY (été 1967)

Au cours des mois qui précèdent sa disparition, Otis Redding continue d'enregistrer à un rythme soutenu dans les studios Stax à Memphis. Il est probable qu'un disque de Noël a été programmé par les dirigeants de la firme pour la fin de l'année, car le Big O met en boîte White Christmas et Merry Christmas Baby pendant l'été 1967, mais l'accident qui lui coûte la vie remet en cause ce projet. Lorsque Stax et Atlantic se séparent au printemps suivant, les bandes reviennent au second qui profite du mythe Redding, né avec Dock Of The Bay au lendemain de sa mort, pour publier quantité d'inédits, dont Merry Christmas, Baby qui sort en 45-tours pour Noël 1968. Le choix de ce titre est inattendu, Redding ayant une personnalité aussi flamboyante que celle de Charles Brown - le créateur de Merry Christmas Baby - est feutrée. Admirateur de Nat King Cole et inspirateur de Ray Charles, Brown a été au cours des années 40 l'un des artistes les plus en vue du R&B californien, obtenant une douzaine de hits nationaux à la tête de son trio dirigé par le guitariste Johnny Moore. Un jour de 1947, un ami de Brown nommé Lou Baxter lui propose de lui acheter ce blues de Noël car il a besoin d'argent pour faire face à des frais médicaux. Amélioré par Johnny Moore, Merry Christmas Baby a donné à Brown l'un de ses grands succès, repris par la suite par l'orchestre de Lionel Hampton.
 

PAPA'S GOT A BRAND NEW BAG (en public à Los Angeles -  04. 1966)

Au lendemain de la séparation entre les firmes Stax et Atlantic, la seconde conserve les droits sur le catalogue passé de la première, avec en prime un certain nombre d'inédits. Plus d'un an après la mort d'Otis Redding, ce "trésor de guerre" est particulièrement appréciable car le Big O a laissé derrière lui de nombreux hits potentiels qu'Atlantic s'empresse d'exploiter sur sa sous-marque Atco. Publié à l'occasion du premier anniversaire de l'accident qui a coûté la vie au chanteur, cette version du best-seller de James Brown est en réalité un enregistrement en public réalisé en 1966 dans un club de Los Angeles, le Whisky A Go-Go. Non seulement le 45-tours se vend bien, mais l'album dont il est tiré ("In Person At The Whisky A Go-Go") entre à son tour dans les meilleures ventes du moment.

LOVE MAN (1967)

Comme l'étoile d'Otis Redding continue de briller dans les yeux des acheteurs de disques, Atlantic poursuit sa politique d'édition systématique des inédits du chanteur disparu. Pour la seule année 1969, en plus de Papa's Got A Brand New Bag, il faut ajouter à son palmarès posthume trois nouveaux singles : A Lover's Question, Free Me et ce Love Man, publiés concurremment  sur l'album "Love Man" qui entre dans le Top des meilleures ventes soul cet été là.

ATTENTION : Vous pouvez recevoir un coffret qui vous permettra de placer les 10 disques de cette série "The Otis Redding Story", ainsi qu'une édition spéciale de la revue Super Soul, spécialement consacrée à Otis Redding, avec une discographie complète de tous ses enregistrements.

Pour ce faire, détachez l'onglet que vous trouverez sur chacun de tous les 45 tours simples de cette série Otis Redding Story, et quand vous possèderez les dix correspondants aux volumes, mettez les dans une enveloppe et envoyez les à l'adresse suivante :

DISQUES STAX
C.E.D.(Service production) 5, rue Geoffroy-Marie  
PARIS 9e