Jean Louis
Rancurel / photographe et conservateur
Lorsque l'on rencontre Jean louis Rancurel, on est frappé par cette impression
d'intemporalité qu'il dégage. Comme s'il n'avait pas d'âge. Comme s'il était de
tous les temps. Il a vibré aux tous premiers frémissements du rock en France;
les débuts de Johnny et des autres au Golf-Drouot, il connaît; il a suivi le
mouvement des "yé-yé", curieux et indulgent; plus tard, c'est la musique folk,
puis disco. Des "Chaussettes noires" à Lavilliers en passant par le groupe "Il
était une fois" ou Michel Berger, il vous raconte à travers eux et leur musique,
les modes, les valeurs, les goûts, les joies et les peines des décennies
passées. Comme un dépositaire dont la mission est de relater fidèlement ce qu'il
a vu et vécu.
Ses atouts: une perception généreuse des gens et son appareil photo dont il ne
se sépare jamais. C'est d'ailleurs muni d'un petit appareil qu'en 1963, il va
applaudir un copain qui passe au Tremplin, au Golf-Drouot. La chaleur du lieu a
vite opéré sur ce gamin de 16 ans qui a découvert une nouvelle famille, une
bande de copains et une complicité avec Henri Leproux. Car, comme lui,
Jean-Louis, malgré son jeune âge, a déjà ce besoin de se créer des souvenirs.
Les deux hommes vont alors tisser une amitié jamais démentie. Jean-Louis sera
là, photographiant les chanteurs, les musiciens mais aussi les copains,
saisissant l'instant de joie, l'ambiance d'une jeunesse, l'atmosphère d'une
époque. Puis, de scènes parisiennes en tournées à travers la France, toujours
sur le terrain, il passera les styles musicaux, rencontrera de nouveaux
artistes, portant toujours un regard positif et bienveillant sur le temps qui
passe.
Sur son chemin, il rencontrera
d'autres confrères avec qui il partagera le goût de la musique, du métier.
Certains lui diront "continue sans moi..." et quitteront définitivement le
métier, en cédant à Jean-Louis un fond d'images. Aujourd'hui, Jean-Louis est
dépositaire de photos de Bob Lampard, Patrick Bertrand, Roger Kasparian et
Spitzer. Grand collectionneur et féru de desing, nostalgique des années 60 et
amoureux des 70, Jean-Louis continue son chemin entre rédactions de presse
réclamant des photos et conventions de disques.
Ni tout à fait dans le passé, ni tout à fait dans le présent.
Patricia Josselin in "Le Chineur" octobre
2002.